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26 janvier 2023

Quand la Vltava devient Moldau : histoire d’une disparition

Quand la Vltava devient Moldau : histoire d’une disparition

Pourquoi le plus célèbre des poèmes symphoniques de Smetana est-il davantage connu par son nom allemand, Moldau, plutôt que par son appellation originale, Vltava ? La réponse paraît évidente : un mot tchèque imprononçable suffit à expliquer la situation. La proverbiale allergie de nos compatriotes aux langues d’Europe centrale fut un facteur aggravant, sans parler de nos lacunes en géographie. De plus, l’œuvre, on l’imagine, s’est fait connaître surtout par des interprètes germanophones, qui propagèrent ainsi sous nos cieux leur propre vocable.

Pourtant, le fait a quelque chose de déconcertant, de contre nature, même. Désigner de la sorte l’œuvre-phare d’un maître que l’on nous présente comme un farouche défenseur de sa culture est un non-sens. Le cours de la rivière, entièrement compris dans les limites de la Bohême, est riche en métaphores, et ceux qui entendent ici une évocation de l’histoire courageuse d’une nation européenne n’auront sans doute pas tort. Quelle singulière idée, dès lors, celle de lui donner son appellation allemande, au sens strict du terme étrangère, et même, dirons-nous, en parfaite contradiction avec ce qu’illustre le récit musical !

Ajoutons que le mot Vltava, qu’il faut prononcer à peu près Veltava, sans accentuer le e, caresse doucement l’oreille, comme le ferait la gracieuse rumeur d’une source, quand Moldau n’évoque rien de la sorte — sauf, peut-être, la pas si lointaine et si différente Donau austro-hongroise.

Allergiques aux désignations exotiques, les Français ? Confrontons les préjugés aux faits. En remontant, grâce à Gallica, aux origines des articles de presse sur Smetana, nous parcourons un fil sinueux et parfois tempétueux qui accompagna, au fil des âges, l’évolution du nom donné en France à l’œuvre du maître tchèque.

Smetana avant la Vltava (1876-1897)

Si certaines rares sources font remonter la première exécution de Vltava à la fin des années 1870 dans la ville de Nice, l’événement n’eut aucun écho sur la vie musicale. Il est vrai que les concerts du baron von Derwies, dans le domaine de Valrose, étaient privés, si privés même qu’en certaines circonstances, le baron était l’unique auditeur de l’orchestre qu’il avait rassemblé pour son plaisir. Cette « première française » est restée sans lendemains, et sans conséquence sur la notoriété du maître de Bohême dans notre pays.

Il faut bien le dire, quand bien même Smetana triomphe dans les Pays Tchèques, il demeure très peu connu en France. La plus ancienne représentation documentée d’un de ses poèmes symphoniques nous mène à Paris en 1883, et nous la devons à Camille Saint-Saëns :

« M. Camille Saint-Saëns, au cours d’un voyage en Autriche, avait rencontré à Prague le grand artiste Frédéric Smetana et, s’étant pris pour sa personnalité, pour son caractère, pour son talent, d’une sympathie très haute, il l’avait désigné au président de la Société internationale. Les amateurs de musique surent ainsi qu’il existait, au royaume de Bohême, un musicien national. »

C’est ainsi que l’Union Internationale des Compositeurs, pour sa troisième édition, programme Vyšehrad, la page qui ouvre le cycle Má Vlast. L’œuvre est jugée « d’une banalité désespérante ». L’année suivante, quelques jours après la disparition de son auteur, la même pièce est redonnée aux Concerts du Trocadéro, sous la direction, semble-t-il, de l’Italien Sgambati. Une presse peu encline à l’indulgence lui administre une nouvelle volée de bois vert :

« Enfin, un jeune Bohémien, répondant au nom de Smétana, nous a régalés d’un poëme symphonique intitulé Vytchérad, ce qui paraît-il, veut dire Patrie dans la belle langue de M. Munckaczy. Ceci dépasse, comme ennui, tout ce qu’il nous a été donné d’entendre jusqu’ici. Espérons que M. Smétana nous Vytchérad la paix. »

Même la Gazette des Femmes met en garde ses lectrices : « Des fragments de Vytchérad, de M. Smetana, ont ennuyé le public, qui n’y a rien compris, parce que c’était incompréhensible. » 

Naturellement, Smetana, né en 1824, n’avait alors rien d’un « jeune Bohémien », et Vyšehrad, nom du promontoire légendaire qui domine la rivière à Prague, ne se traduit pas par « patrie » — confusion est ici faite avec le titre du cycle, Má Vlast. Vyšehrad, notera un chroniqueur en 1896, « c’est la montagne sacrée de Prague, l’Acropole, le mont Aventin, le symbole de la patrie bohémienne. En la chantant, le compositeur chante la grandeur même de sa terre natale. »

Si Saint-Saëns a fait découvrir Vyšehrad à un auditoire parisien goguenard, Vltava reste dans l’ombre. La littérature évoque certes de temps à autre ce cours d’eau, sans allusion à la pièce musicale. Quelques ouvrages d’histoire ou de géographie présentent les deux noms — Vltava et Moldau — en précisant à l’occasion que cette deuxième appellation est en langue allemande.

Le vent tourne au début des années 1890. Édouard Brunel dirige l’orchestre de la Villa-des-Fleurs à Aix-les-Bains dans une symphonie poétique de Smetana, une page « toute fleurie de thèmes bohémiens ». La presse ne mentionne pas quelle composition se trouve sous ce nom — est-ce Par les prés et les bois de Bohême ? Peut-être. La locution symphonie poétique, traduction impropre de l’allemand Sinfonische Dichtung, désignait à l’occasion le poème symphonique. Et pourquoi pas Vltava ? Cela est possible, mais faute d’éléments plus précis, nous attendrons encore un peu avant d’identifier à coup sûr la création publique française de cette œuvre.

Une semblable symphonie poétique tirée de Má Vlast est donnée deux années plus tard à Monte-Carlo — donc hors de France — sans que les détails nous éclairent davantage sur le programme.

Dans la capitale, la musique de chambre du Tchèque, quoique rarement jouée, suscite l’admiration. Saint-Saëns, encore lui, avait fait entendre à Paris le quatuor « De ma vie ». Avant la fin du siècle, le Quatuor Tchèque présente cette même page, d’un « compositeur qui jouit actuellement en Autriche d’une immense notoriété posthume, et que M. de Wyzewa n’hésite pas à qualifier de "Beethoven slave". » Un Beethoven slave ! Le ton est donné, et ce n’est pas l’unique fois où le fondateur de l’opéra tchèque moderne est comparé aux plus grands.

D’autres événements annoncent la vogue Smetana. L’enthousiasme de la princesse de Metternich pour La Fiancée vendue, et son insistance pour voir l’Opéra à Paris l’inscrire à son répertoire, suscitent un vif intérêt du monde musical. L’époque est favorable : Prague et Paris nouent des liens d’amitié qui dépassent le strict cadre diplomatique. Dans ce contexte, tout semble possible pour faire mieux connaître le maître de Bohême.

Et bientôt, Vltava est jouée — mais pas sur une scène parisienne.

1897-1914 : La France découvre la Vltava

Édouard Brunel, déjà cité, dirige à présent l’orchestre de Pau. C’est à la tête de cette formation qu’il fait retentir, l’après-midi du 29 janvier 1897, dans la Salle des Fêtes de la mairie, la Vltava. Le Mémorial des Pyrénées indique dans l’annonce du programme : « Vltava (La Moldau), poème symphonique, première audition ». Première audition paloise, on n’a aucune peine à la croire, mais première audition publique française ? Faute d’éléments plus précis sur les précédents, c’est la date que nous retiendrons. Notons en attendant que le titre Vltava est bien celui attribué à l’œuvre, la version allemande étant entre parenthèses. Curieusement, quand l’œuvre est redonnée par ces mêmes interprètes et dans la même salle début 1898, le programme indique simplement : « La Molda », sans le « u » final.

Édouard Brunel (1844-1921) ne jouit pas, dans l’imaginaire musical, d’un prestige à la hauteur de celui de chefs comme Pasdeloup, Colonne ou Lamoureux. La mémoire historique n’honore guère ce premier prix de cor devenu un maestro à l’activité internationale. Au fil du temps et des engagements, on le retrouve dirigeant à New York et à la Nouvelle-Orléans, en Égypte, au Caire et à Alexandrie, à Saint-Pétersbourg en Russie. En France, il prend la tête du conservatoire de Nancy, avant que son itinérance le mène à Paris, à Marseille, à Aix-les-Bains et à Pau, où il termine sa carrière. Comme on le voit, son parcours professionnel le tint la plupart du temps éloigné de la capitale, particularité qui fut fatale à sa postérité.

Édouard Brunel en 1906
Édouard Brunel en 1906 (source : Annuaire du tout Sud-Ouest illustré)

Pierre Lalo, chroniqueur de renom et fils du compositeur Édouard Lalo, écrit en 1906 avec à-propos : 

« Ce musicien, que je ne sais quel sort contraire a tenu obstinément éloigné de Paris, est un des meilleurs kapellmeister français. En quelque province qu’il ait dirigé des orchestres, il a fait paraître des talents exceptionnels, et le concert où il prenait le bâton de mesure devenait aussitôt un des lieux de France où l’on entendait la meilleure musique et la mieux interprétée. Car il a la curiosité et la passion de la musique : il se plaît à rechercher partout celle qui mérite l’intérêt ; et grâce à lui, des villes que nous croyions dédaigner ont entendu, longtemps avant Paris, les œuvres les plus remarquables des compositeurs de notre pays et des pays étrangers. »

En effet. C’est grâce à la passion de ce défricheur que Pau entendit enfin le plus célèbre des poèmes symphoniques de Smetana, avant Paris et les autres grandes villes de France. Il n’est peut-être pas inutile de préciser qu’Édouard Brunel n’a aucun lien de parenté avec Raoul Brunel, qui fera une version française du livret de La Fiancée vendue.

Les 23 et 24 juillet 1900, Oskar Nedbal dirige l’orchestre Colonne dans Vltava (orthographié par l’Aurore « Vetava ») dans le cadre de l’Exposition Universelle de Paris. L’événement a longtemps laissé croire que le poème symphonique de Smetana, comme la Symphonie du Nouveau Monde, avait été introduit en France à ces occasions. Nous le savons aujourd’hui, il n’en est rien. Vltava avait déjà retenti à Pau et les Concerts Populaires de l’Association artistique de Marseille, dirigés par Calliste Borelli, avaient donné l’opus 95 de Dvořák en 1899. En revanche, ces concerts de l’Exposition ont certainement fait entendre la première française de l’idylle Un soir d’Eté, de Fibich.

Smetana sort de l’ombre. Qu’importe si la Lustpiel-ouverture, sans doute la Slavnostní předehra de 1868, ne suscite qu’une attention médiocre sous la direction de Lamoureux (1891). D’Angleterre, d’Autriche, de Suisse proviennent des témoignages enthousiastes sur l’accueil réservé au maître. On souligne l’intérêt que lui portait Liszt. Jean Otokar, dans le Mercure de France, commente en 1901 l’art du « génial compositeur tchèque Bedrich Smetana ». Cette même année, Oskar Nedbal, auréolé de sa gloire d’altiste au sein du Quatuor Tchèque, revient diriger l’orchestre Colonne, cette fois-ci au Châtelet. L’événement est remarqué — et pas uniquement pour des raisons musicales, peut-on conjecturer. Ouvrons Le Ménestrel :

« La haine de l’envahisseur est restée vive : pour le Bohémien, l’Allemand est un "lourdaud", une "punaise" ; pour l’Allemand, le Bohémien est un "menteur", un "reptile". »

On imagine ce que ces paroles pouvaient signifier dans une France encore meurtrie par la défaite de 1871. Et ce n’est pas tout, car ce peuple de lourdauds, de punaises, est aussi une contrée de voleurs, comme il l’avait été pour l’Alsace et une partie de la Lorraine :

« Le beau fleuve même de la Bohême, la Vltava (Moldau), a été ravi par l’Allemagne, qui en a fait un affluent de l’Elbe, bien que, à partir du confluent des deux rivières jusqu’à leur source, la Moldau soit, comme volume d’eau et superficie de bassin, deux fois plus forte que l’Elbe. »

Au mépris de la science hydrographique vient donc s’ajouter l’injustice historique. Heureusement, Smetana sut célébrer comme nul autre la gloire de ce cours d’eau intensément tchèque : 

« Ce fleuve, Smétana l’a chanté dans un poème symphonique dont M. Oskar Nedbal a donné une superbe interprétation. »

Cette page convainc plutôt la critique, même si des voix plus modérées se font entendre. C’est que, nous explique Louis Doyen, « les rythmes et les mélodies bohêmes frisent toujours, chacun le sait, la banalité et quelquefois même la trivialité ». Si le chroniqueur parle ici de la symphonie de Dvořák, son opinion à l’emporte-pièce embrasse une dimension qui intéresse la musique tchèque dans son ensemble. Chacun appréciera. Vltava, concède-t-il cependant, « contient quelques pages de réelle valeur. »

Les relations culturelles, avec leurs sous-entendus diplomatiques, entre Paris et Prague, prennent une certaine ampleur. Les deux villes multiplient les manifestations d’amitié pour balancer la puissance germanique.

Malgré Nedbal, la pièce ne s’impose pas dans les programmes français. Fin 1902, pour l’Action Républicaine, « Le poème symphonique La Molda [sic], du bohémien Smetana traduit savoureusement le bruit des sources dans les forêts allemandes [!] », sans préciser les interprètes. Il faut attendre 1911 pour le retrouver avec Édouard Brunel et l’orchestre de Pau quand Louis-Victor Célansky, ou Ludvík Vítězslav Čelanský, ancien directeur de la Philharmonie Tchèque, la donne à entendre cette même année au Théâtre Apollo. C’est peu, assurément. Le « Beethoven tchèque », comme l’appelle un journal de 1906, n’a pas disparu : c’est La Fiancée vendue qui occupe maintenant tous les esprits. Les multiples annonces d’une création parisienne, toujours ajournée, et les nouvelles venues de l’étranger, y compris de la Belgique voisine, où une version est montée par la Monnaie en 1906, font de cet opéra le point de mire de tous ceux qui s’intéressent à « l’école tchèque ». Faute d’une mise en scène, voilà son ouverture qui retentit dans les salles françaises. L’infatigable Brunel la donne plusieurs fois à Pau (décembre 1901, 1909, 1911, 1914), Danbé à Vichy (1903), Chevillard à Paris (1906), tout comme Granier (1910 — « une pièce qui vient des rives du Danube », ose écrire le chroniqueur). Célansky la fait connaître aux auditeurs du Théâtre Apollo (1911). On note en 1910 la première française de Richard III, le plus ancien des poèmes symphoniques de Smetana, aux concerts Sechiari.

La Vltava reste en bonne place dans la littérature de cette période. Dans son Histoire de la musique de 1898, au chapitre Bohême, Albert Soubies veille à respecter le nom original de la rivière. Avec la timide « mode tchèque » de ces années, l’appellation Vltava est courante. On souligne à l’occasion combien cet usage, par exemple sous la plume d’un tchécophile comme William Ritter, heurte en partie les habitudes. On lit en 1908 :

« Dans son enthousiasme tchèque, M. Ritter ne nous fait point grâce de la rocailleuse orthographe du pays. Nous avons cependant des mots français : Moldau, Prague, Pilsen, pour traduire Vltava, Praha, Plsen, s’amuserait-il à nous parler de London, Firenze et Genf ? Mais il nous demande "ce petit effort pour l’amour de Smetana" et nous voilà désarmés. »

Commentaire instructif, qui nous rappelle que la Bohême nous était connue, depuis plusieurs siècles, par le truchement d'une littérature en langue allemande. Par « Moldau », l’auteur désigne ici le nom dont l’usage est historiquement le plus répandu en France. Hélas, ce faisant, il néglige le Printemps des peuples et les efforts des nations asservies pour la reconnaissance de leur culture, non sans effets quand on constate à quelle fréquence Vltava apparaît dans les écrits de cette période. Mais les habitudes sont tenaces. Ce témoignage d’un visiteur de Prague (1913) est éloquent : « J’interroge un passant en allemand ; il me considère avec mépris et va poursuivre sans mot dire ; heureusement je me ravise, je dis ma véritable identité, et tout aussitôt mon interlocuteur se fait aimable : du moment que je ne suis pas son compatriote, un Allemand détesté, je suis certain de trouver l’accueil le plus empressé. » Tout cela est bien agréable, tant il est réconfortant d’entretenir l’espérance d’une alliance à l’est du Reich. Dommage et révélateur, toutefois, que ce même voyageur, quelques lignes plus loin, décrive le passage du pont Charles IV sur… « la Moldau ».

En vérité, la lecture de la presse d’alors ne permet pas de trancher avec certitude. Quand bien même son orthographe est martyrisée (Ultava, Vitara, Vetava… on plaint les typographes de la Belle Époque chargés de composer avec des mots étrangers à l’orthographe improbable !), c’est bien souvent l’appellation originale qui est utilisée. « Moldau » n’a pas disparu, bien entendu, avec ses propres variantes (Molda, Moldavie…) et il arrive, comme on l’a vu, que ce nom seul apparaisse. Mais cela ne semble pas être l’usage dominant. Il faudra attendre encore un peu pour que l’allemand l’emporte sans contredit.

Au plus fort de la Grande Guerre, la Dépêche du Midi, en ce 24 décembre 1916, rappelle à ces lecteurs la terrible réalité d’une amitié trahie. Ce qui nous frappe n’est pas que le « vrai nom » du cours d’eau soit une nouvelle fois mal écrit, mais que ce récit d’une félonie anticipe celle qui sera la nôtre un peu plus de deux décennies plus tard.

« Par contre, on parle ici beaucoup trop peu de la Bohême. Si l’Adriatique semble un sujet interdit sur les bords de la Garonne, peut-être n’en est-il pas de même de ce fleuve que les Allemands appellent Moldau et que les Tchèques appellent de son vrai nom tchèque, la Vetava. Il y a bien une propagande tchèque, mais elle est pauvre en ressources et en diffusion auprès de celles des Italo-Dalmates et des Jougo-Slaves, elle atteint très peu la foule française. La Bohême est, depuis deux ans, plongée dans un silence effrayant, sa voix ne nous arrive plus, notre presse s’en occupe fort insuffisamment. Et cependant, après tout, les Croates et les Slovènes n’ont jamais rien fait pour mériter notre attachement, et la question triestine est purement italienne et ne nous a jamais concernés, tandis que la Bohême a été pour nous une amie zélée, admirable, empressée à nous servir, accumulant les titres à notre gratitude, une véritable avant-garde de l’esprit français en pleine Europe centrale. Notre art, notre littérature y ont été fêtés, notre langue y était le luxe de l’élite, on y chérissait fanatiquement la France autant qu’on y exécrait le Germain et le Magyar. Nous nous bornions à recevoir aimablement la municipalité de Prague, qui recevait princièrement la nôtre, nous nous laissions aimer, nous ne rendions rien à cette nation intelligente, ardente et charmante. A l’heure de l’infortune, où elle paie très cher son enthousiasme pour nous, il serait digne et juste de faire mieux, de seconder les quelques dévoués qui nous avertissent et nous demandent aide. »

L’entre-deux guerres : le règne Smetana

Celui qui appelait à l’aide pour cette nation amie, intelligente et ardente, se nomme Camille Mauclair. Nul ne se doutait alors que l’homme allait par la suite embrasser les plus sordides causes antisémites. Pour l’heure, en 1921, il exhorte à une véritable reconnaissance en France de Smetana :

« II y a eu en Bohême un symphoniste de génie, héritier de la plus belle tradition beethovénienne, auteur de drames lyriques admirables, qui s’est appelé Frédéric Smetana. Toute l’Europe centrale l’a joué. J’attends encore son nom sur nos programmes, après tant de Richard Strauss. »

L’après-guerre est propice à cette reconnaissance. La France fête le jeune État qui vient d’apparaître au cœur de l’Europe. Un festival de musique, non plus tchèque, mais « tchéco-slovaque », se tient à Paris en 1921. À cette occasion, Dedecek-Dostal (Pavel Dědeček, ancien chef de la Philharmonie Tchèque) dirige l'Orchestre des Tuileries dans l'ouverture de l'opéra Le SecretL’ouverture de La Fiancée vendue retentit de nouveau pour le centenaire de la naissance du maître, en 1924, sous les baguettes de Gabriel Pierné et de Paul Paray. Georges Auric s’en félicite et s’en désole :

« Mais il est fâcheux de n’avoir pas su témoigner, en cette occasion. d’un peu plus de curiosité et de hardiesse. Une seule œuvre de Smetana est connue, et bien connue, du public français : c’est l’ouverture de la Fiancée vendue, page sonore, brillante, romantique à plaisir, mais qui ne nous apporte plus rien de nouveau et à laquelle, semble-t-il, son auteur ne tenait point essentiellement. Pourquoi donc l’avoir une fois de plus choisie, alors que l’occasion était toute trouvée de nous faire entendre quelque page inconnue au maître de Prague ? »

« Quelque page inconnue », certainement, mais laquelle, et avec quel résultat ? Que Paul Paray présente Tabor aux Concerts Lamoureux (octobre 1924), et Alfred Bruneau applaudit, quand d’autres s’esclaffent : voilà « un choral massif exposé de façon boursouflée — un Liszt de qualité inférieure » (Louis Schneider, Le Gaulois).

Qu’importent les paroles discordantes. De fait, elles sont rares, et plus présente est la voix des laudateurs de celui que les siens considèrent comme un « demi-dieu », et qui sut « donner à sa race un chant de triomphe » (Camille Mauclair). Les éloges pleuvent. Julien Tiersot publie en août et septembre 1924 une série d’articles sur le maître. Pas moins de six numéros consécutifs du Ménestrel décrivent la biographie du créateur et l’influence centrale qui fut celle de cet « éveilleur » (le terme n’apparaît pas). Au sujet de La Fiancée vendue, Tiersot affirme :

« C’est du Mozart agrandi par l’usage de formes plus développées introduites par un siècle de progrès technique, mais découlant de la même source ».

À l’héritier de Beethoven se mêle, on le voit, celui de Mozart. Il n’est pas excessif de parler alors d’une « vogue Smetana ». Et si l’on continue à louer « le génie » de Smetana, le mélomane est en droit d’exiger d’autres preuves de ce génie. La première audition en France de l’œuvre scénique a lieu en 1928, à l’Opéra-Comique. C’est un succès à la fois diplomatique et populaire, mais la réception savante est plus mitigée. Car, enfin, s’agit-il d’apprécier un musicien, ou un symbole ? Nous lisons des éléments de réponse dans un nouvel article laudateur de 1929, intitulé Les Grands Compositeurs Tchèques :

« Cette simple esquisse suffit déjà à montrer qu’on ne peut pas mettre sur un même plan Smetana, Dvorak et Fibich, mais qu’il faut dire : Smetana, puis Dvoràk et Fibich. Nous les citons ensemble parce que les deux autres ont achevé, chacun à sa façon, l’œuvre dont les fondements avaient été posés par Smetana, et qu’ils marquent théoriquement la fin de la période de la musique tchèque dont Smetana marque le début. »

Cette parole de propagande, pourrait-on dire, est celle qui domine dès lors, et dominera la musicologie française pendant plusieurs décennies, introduisant de nombreux contresens et approximations qui allaient contaminer tout discours sur la « musique tchèque ». Il n’est pas douteux de trouver ici l’écho du combat que mène en Tchécoslovaquie Zdeněk Nejedlý, aussi pétri d’amour pour Smetana qu’il l’est de haine pour Dvořák : Madeleine Epron, dans Dimanche Illustré du 20 mai 1934, cite explicitement le musicologue-idéologue dans son article « Frédéric Smetana, musicien et patriote tchèque ». Le Ménestrel en fait de même cette année-là, en posant ingénument la question, sous la plume de Michel-Léon Hirsch :

« Pourquoi faut-il que Smetana ne soit connu des Français que par quelques polkas et la Fiancée vendue ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas, à nous aussi, l’occasion de constater qu’il y a, en musique aussi, des raisons supérieures aux raisons artistiques d’admirer des œuvres d’art ? »

Oh, des raisons supérieures aux raisons artistiques, il y en a, certes, mais qui relèvent alors de l’aveuglement idéologique. Sans le savoir, le chroniqueur du Ménestrel donne ici ses lettres de noblesse à la musique officielle, qui doit être admirée, non pour sa beauté, mais pour ce qu’elle officialise. Cela n’augure rien de bon pour les amoureux sincères de l’art. Il n’est pire d’hommage rendu à un artiste que celui qui vante les mérites, non de ses créations, mais de ce qu’il est censé représenter. La première victime de ce prosélytisme est l’histoire de la musique, et notamment de la musique des Pays Tchèques. La seconde, en l’espèce, est Smetana lui-même, adoré comme une idole lointaine dont on ne sait presque rien, sinon le culte dont sa mémoire fait l’objet dans son pays d’origine.

Car, en vérité, l’on a entendu trop peu d’œuvres de Smetana et de Dvořák, sans même parler de Fibich, pour qu’il soit possible aux auditeurs ou aux chroniqueurs français de se faire leur propre opinion. Reprenons la liste publiée ici par Joseph Colomb : Vltava apparaît au programme des Concerts Pasdeloup (Rhené-Bâton, 1924 et 1925, Piero Coppola, 1933, Felix Weingartner, 1934), Lamoureux (Elmendorff, 1933), des Concerts Poulet-Siohan (Eric-Paul Stekel, 1937), de la Société Philharmonique (Sidney Beer, 1937) et de la Musique des équipages de la flotte, à Brest (Boher, 1937), qui présente aussi Blaník, dernier volet de Má Vlast. Plus anecdotique, une version pour harpe est jouée en 1932 et 1933 par J. Seidlová. Notons que dans la ville d’Alger, en 1934, un Festival Smetana fait entendre cette page, sous la direction de Defosse. Une première africaine ? Peut-être. Le nombre de ces exécutions, s’il n’est pas négligeable, n’est pas à la hauteur du génie annoncé. Il faut se rendre à l’évidence : avec une dizaine de représentations, et en dépit d’un amour désincarné pour le descendant spirituel de Mozart et de Beethoven, les Années folles ne célèbrent pas particulièrement Vltava au concert.

Une autre évidence prévaut. Nos hypothèses sur le règne sans partage de Moldau sur Vltava étaient fausses. Le nom tchèque n’a pas été éludé dans la littérature, même s’il fut maltraité. Les premiers interprètes dans notre pays, Français comme Tchèques, n’ont pas imposé une appellation venue d’Allemagne ou d’Autriche. « "Vltava" n’est autre que le nom authentique de la Moldau, qui lui fut restitué après 1918 », lit-on en 1937. La discrétion actuelle du titre tchèque ne provient donc pas des premières auditions dans notre pays de l'œuvre, et si la difficulté provoquée par sa prononciation a pu jouer, elle n’est pas à la source de son abandon précoce dans les commentaires musicaux. C’est pourtant au détour des années 1930 que se dessine une lente bascule, qui commencera à imposer, ou à imposer de nouveau, l’appellation étrangère dans l’esprit collectif. 

C’est que l’œuvre a, dans notre pays, plus d’auditeurs qu’elle n’en a jamais eu. Les transmissions radiophoniques diffusent à l’occasion le poème symphonique. Et c’est là, dans les programmes radio, qu’il est possible de voir, graduellement, n’apparaître que la seule Moldau. Ces grilles, de plus en plus denses, doivent aller à l’essentiel, renoncer à toute fioriture. La place est précieuse, et pourquoi s’encombrer de précisions quand la liste des émissions est fournie, telle quelle et dans sa froide énumération, par des stations souvent étrangères ? Telle radio annonce « Moldau », et c’est ainsi que le journal publiera le programme. Même aux premières heures de la guerre, en novembre 1939, le nom allemand est utilisé, quand bien même faire entendre cette musique interdite devient un acte de résistance :

« AUTRICHE
Musique interdite 
"Longueur d’ondes 212,5", c’est le poste clandestin autrichien avec son speaker "Rodolphe". Il est amusant de l’écouter parce qu’il ne fait pas de propagande proprement dite ; c’est dans son programme qu’est la propagande. Hier, il nous a annoncé de la "Musique interdite en Allemagne" et l’orchestre s’est mis à jouer : d’abord un morceau symphonique du Finlandais Sibelius, puis deux valses de Chopin, ensuite la Moldau de Smetana. » 

Après la guerre

La défaite de l’Axe n’y change rien : Moldau devient la norme, ou le redevient. Le journal Parallèle 50 croit bon de préciser en 1949 :

« Le plus populaire poème de ces six tableaux symphoniques est "Vltava" (souvent plus connu sous le nom de "Moldau") qui chante la gloire du beau fleuve tchèque. »

Souvent plus connu sous le nom de Moldau ! La cause est entendue. L’appellation Moldau règne sans partage, ou peu s’en faut, dans les programmes de radio. La majorité des enregistrements discographiques qui paraissent dès lors ne mentionnent guère que Moldau sur leur pochette — il faut bien le dire, la quasi-totalité de ces gravures sont dues à des firmes étrangères, pour ne pas dire allemandes ou autrichiennes, ou issues de distributions internationales de ces labels.

Pourtant, un timide courant de résistance, si on peut l’appeler ainsi, se fait entendre, avant de s’évanouir. Plutôt que Moldau ou Vltava, il arrive que l’on choisisse un hybride, une synthèse peut-être stratégique, ou se voulant conciliante, entre les deux : Kubelík enregistre avec la Philharmonie Tchèque la « Moldava », peut-on lire en 1938. La Moldava est diffusée par Radio Dakar en 1947, est donnée à Tunis, sous l’orthographe Moldawa, par l’orchestre symphonique de cette ville, dirigé par Louis Gava (1951). Fin 1953, Karajan à Berlin grave à son tour « la Moldava ». L’appellation n’est pas neuve, mais elle s’invite plus qu’auparavant dans les écrits. Un dossier pédagogique de 1957 avance une explication. En présentant le poème symphonique à ses jeunes lecteurs sous le titre « Moldava », il justifie ce choix par d’éblouissantes acrobaties de langage : « La Moldava (en réalité, cette rivière s’appelle la Vltava — prononcer la Veltava, la Moldava n’étant qu’une déformation populaire du nom allemand : la Moldau)… » On se demande comment les écoliers de l’époque purent s’y retrouver : le nom « en réalité » correct est écarté, non pas au profit de son équivalent allemand, mais de la « déformation populaire » de celui-ci. On a connu des approches pédagogiques moins retorses.

Ce combat d’arrière-garde pour suggérer une appellation « entre les deux » échoue. Les dossiers pédagogiques des années 1950 et 60 se bornent à présenter la Moldau, et c’est tout juste si le nom véritable de la rivière est parfois cité. Combien de jeunes têtes ont-elles été éduquées avec un matériel où le terme allemand domine ?

Un regard sur le passé récent semble mettre en évidence une autre disparition. C’est Smetana qui paraît doucement sortir de la mémoire collective musicale. La Moldau est là, c’est entendu, mais le reste de son œuvre peine à se faire connaître, pour ne pas dire autre chose. Le nom même de Smetana devient discret : une recherche dans Gallica, pour les deux dernières décennies, renvoie moins d’une quinzaine de résultats. C’est bien peu. Sans doute, dira-t-on, la transmission écrite et imprimée n’est-elle plus le moyen de communication dominant qu’elle a été, et il faut se méfier de conclure trop hâtivement. Il n’empêche. Je ne peux me défaire de l’idée que ce compositeur autrefois si célébré glisse doucement dans les sables de l’oubli, sauf pour une seule de ses pages.

Au moment d'achever cet article, je jette un œil dans les actualités, et apprends qu’en 2023 un nouveau volet des Clefs de l’Orchestre sera proposé par Jean-François Zygel. Son titre est aussi direct que convenu : « LA MOLDAU DE SMETANA. » Le texte de présentation s’achève ainsi : « Jean-François Zygel nous dira tout sur le pourquoi et le comment de cette musique qui rend hommage à la rivière que les Tchèques nomment "Vltava". »

Eh ! C’est que les Tchèques, voyez-vous, entendent donner un nom tchèque à une rivière tchèque au cours entièrement circonscrit dans les Pays Tchèques, et célébrée par un compositeur tchèque. Pourquoi faut-il que nous, Français, remettions inlassablement cette pendule à l’heure allemande et, plutôt que de renouer avec une tradition qui voulait respecter le nom d’origine, préférions perpétuer l’injustice dans toute son absurdité musicale, humaine et historique ? N’avons-nous pas lu dans ce qui précède que, plusieurs décennies durant, le nom Vltava était cher aux oreilles et à l’âme de nos compatriotes, avant que le conformisme et la force de l’habitude nous le fassent oublier ? On aurait tort de voir ici une posture fondée sur on ne sait quelle lubie nationaliste. En ces temps troublés, il n’est peut-être pas vain de marquer cette preuve de respect, à la fois modeste et lourde de sens, envers nos amis du cœur de l’Europe et l’un de leurs plus grands artistes — autant dire qu’il s’agirait, en l’occurrence, d’un salutaire retour aux sources.

Alain Chotil-Fani, janvier 2023

Remerciements

Sans Olivier Miakinen, et la question qu’il posa sur le forum de musique classique fr.rec.arts.musique.classique en août 2022, jamais je n’aurais eu l’idée de me lancer dans ces explorations. Qu’il en soit remercié.

La question : « Quelqu’un saurait-il pourquoi le poème symphonique Vltava [de Smetana], du nom de la plus longue rivière de la Tchéquie, est connu en France sous le nom allemand de cette rivière, la Moldau ? »

Sources

Les liens ont été consultés le 25 janvier 2023.
Les extraits de presse sont cités sans tentative de rectifier l'orthographe des articles.

Smetana avant la Vltava (1876-1897)


Vyšehrad à Paris :
01/10/1883
La Libre revue : littéraire et artistique, p. 383, Troisième festival de l’Union Internationale des Compositeurs, signé J...

01/03/1884
La Nouvelle revue, p. 410, concert à l’Union Internationale des Compositeurs 

24/05/1884
La Vie Parisienne, p. 294, colonne 1, signé X. 

25/06/1884
La Gazette des femmes, p. 95, signé E. S. 

Sur le rôle de Saint-Saëns et le sens de Vyšehrad :
26/07/1896
Le Gaulois, p. 1, col. 1-2, signé « Un Musicien » 

Voir aussi La Fiancée « mal vendue » ou la réception en France d’un chef-d’œuvre tchèque, par Antoine Marès, Éditions de la Sorbonne, 2006

18/10/1891
Gazette des étrangers : journal d'Aix-les-Bains et de la Savoie thermale, p. 1, col. 3 « Le chef d’orchestre de la Villa-des-Fleurs », E. Brunel. B. Hentien évoque la symphonie poétique de Smetana le tchèque (sic), une page « toute fleurie de thèmes bohémiens ». 

17/03/1892
Gil Blas, p. 4, col. 1, Monaco, "symphonie Ma Vlast"

21/03/1892
Figaro, p. 3, col. 5, symphonie poétique tirée de Má Vlast à Monte-Carlo, direction Steck. 

01/01/1896
La Grande dame, p. 7, col. 2, trio de Smetana bien reçu. 

10/11/1896
Gil Blas, p. 2, col. 5 et 6, par l’envoyé spécial à l’opéra de Vienne. Soutien de la princesse de Metternich.

01/12/1896
Revue pour les jeunes filles, p. 72 : « Un quatuor de Smetana, un compositeur tchèque, contient une sorte de polka; ce morceau n’a rien de bien remarquable, mais il a été pour les exécutants l’occasion d’un véritable triomphe. » par le quatuor tchèque. H. Lavoix, séance au concert Lamoureux. 

01/01/1897
La Revue socialiste, p. 109, sur le Quatuor Tchèque qui joue De ma vie, signé J.-G. Prod’Homme 

06/01/1897
Le journal pour tous, p. 3, col. 1. p. Marcel, professeur de chant, rapporte : « Grâce à Mme la princesse de Metternich, il nous est permis de faire connaître à nos lecteurs un des plus grands compositeurs contemporains. C'est en effet la princesse qui a découvert Smetana. Grande artiste elle-même, elle sut voir dans ce compositeur inconnu le grand musicien qu'il serait un jour ; ce fut elle encore qui fit venir Smetana et fit jouer la Fiancée vendue sur le théâtre de l'Opéra de Vienne; ce fut elle, enfin, qui, de ses deniers, fit traduire en allemand cet ouvrage écrit en langue tchèque ». 

1897-1914 : La France découvre la Vltava

28/01/1897
Le Mémorial des Pyrénées : politique, judiciaire, industriel et d'annonces, (Pau), p. 4, col. 1 « Salle des Fêtes de la mairie, vendredi 29 janvier à 2 heures 1/2, 8me concert de musique classique ancienne et moderne sous la direction de M. Edouard Brunel « Vltava (La Moldau), poème symphonique, première audition »

03/02/1898
L'Indépendant des Basses-Pyrénées, p. 3, col. 4. Mêmes interprètes (Brunel) « La Molda » annoncé le 04/02/1898 (pas de Vltava)

Sur Édouard Brunel :
16/06/1894
Le Temps, p. 14, col. 1-2, « un des premiers chefs d'orchestre de ce temps », non signé

24/01/1897
Gazette béarnaise, p. 2, col. 2, portait burlesque par Omer d'Allaure (sic)

01/01/1906
Annuaire du tout Sud-Ouest illustré, p. 1464, notice biographique avec portrait 

Lustpiel-ouverture :
26/12/1891
Le Monde illustré, p. 411, col. 2, A. Boisard « première audition de la banale Lustpiel-ouverture du bohémien Smetana »

22/06/1897
La Presse, p. 2, col. 3, J.-L. Croze, vie de Smetana et soutien de Liszt. 

1898
Histoire de la musique. Bohême, par Albert Soubies, p. 74, indique bien Vltava. Ce livre respecte la graphie originale des noms tchèques.

Nedbal à Paris :
23/07/1900
L'Aurore, p. 3, col. 5 « Aujourd’hui lundi 23 juillet à trois heures, et demain mardi, à huit heures et demie du soir : Quarante-cinquième concert de musique étrangère (école tchèque), sous la direction de M. Oscar Nedbal, chef d’orchestre de la Société Philharmonique de Prague : Vetava, poème symphonique (Smetana), extrait du cycle Ma Patrie. - Un Soir d’été (Fibich), idylle. - Le Nouveau monde (Dvorack), symphonie en mi mineur. » Signé A. Kuntz. 

01/01/1901
Mercure de France, p. 275, Le « génial compositeur tchèque Bedrich Smetana », signé Jean Otokar

21/03/1901
L'Aurore, p. 3, col. 5, concert Nedbal

31/03/1901
Le Ménestrel, p. 100 col. 2, Nedbal à Paris, Amédée Boutarel 

25/03/1901
Gil Blas, p. 4, col. 1, Nedbal à Paris

27/03/1901
Le Radical, p. 3, col. 4 « Viltava. le poème de Smetana, second morceau d'un cycle de six poèmes, est une page éloquente, descriptive, qui dénote chez le compositeur une réelle inspiration. » signé A. B. 

04/04/1901
Le Progrès artistique, p. 46, col. 1 « Hélas ! je n’ai guère admiré Vltava, "scène symphonique" de Smetana, pour l’intelligence de laquelle du moins les commentaires du programme n’étaient pas superflus. De jolis détails, certes, mais nulle impression d’ensemble. On se lasse des ouvrages de marqueterie les mieux combinés, dès qu’ils viennent à dépasser les proportions raisonnables. » René Brancour.

01/06/1901
La Grande revue, p. 724, Louis Doyen 

01/12/1901
Le Patriote des Pyrénées, p. 3, col. 2, ouverture de La Fiancée vendue, Brunel
 
01/12/1901
Le Mémorial des Pyrénées, p. 3, col. 2, ouverture de La Fiancée vendue, Brunel

14/12/1902
L'Action républicaine, p. 3, col. 1 ; signé X. « Le poème symphonique La Molda, du bohémien Smetana traduit savoureusement le bruit des sources dans les forêts allemandes. » 

23/08/1903
La Vie montpelliéraine, p. 10, col. 2, ouverture de La Fiancée vendue (Danbé, Vichy)

01/03/1906
Journal de Salonique, page 1, col. 5, « Le Beethoven Tchèque » 

08/07/1906
La Gazette de la Capitale, p. 11, col. 2, La Fiancée vendue à la Monnaie de Bruxelles (en français)

12/12/1906
La Presse, p. 2, col. 6, ouverture de La Fiancée vendue (Chevillard)

20/12/1906
La Critique indépendante, p. 1, col. 2, ouverture de La Fiancée vendue (Chevillard)

26/08/1907
Le Journal du Midi, p. 2, col. 6, La Fiancée vendue à la Monnaie de Bruxelles

01/04/1908
Études / publiées par des Pères de la Compagnie de Jésus, pp. 132-133, J. Guillermin, sur W. Ritter 

01/01/1909
Durendal, p. 185, parle de la Moldau (Ysaÿe, Belgique)

10/01/1909
Pyrénées et océan, p. 2, col. 5 « La Molda, œuvre de Smetana, artiste autrichien », J. Lataste, Brunel 

15/02/1910
L'Actualité musicale : annexe de la Revue musicale S.I.M, p. 44, col. 2, Richard III aux concerts Sechiari

03/07/1910
L'Écho des étudiants, p. 2, col. 2, sur La Fiancée vendue : « cette œuvre, qui nous vient des rives du Danube... », signé Léo Muska

01/01/1911
Le Magasin pittoresque, p. 70, col. 1, Vltava aux concerts Apollo, dir. Célansky (Čelanský)

28/01/1911
Pau-saison, p. 4, col. 1, ouverture de La Fiancée vendue, dirigée par E. Brunel. 

09/02/1911
Pau-saison, p. 4, col. 1, La Molda (Vitava ou Vltava), dirigé par E. Brunel. 

24/04/1911
La Liberté, p. 3, col. 2, Vltava aux concerts Apollo, dir. Célansky (Čelanský)

24/04/1911
Le Radical, p. 4, col .4, Vltava aux concerts Apollo, dir. Célansky (Čelanský)

10/02/1912
Le Mémorial des Vosges, p. 1, col. 5 « La Moldavie », remède 

22/02/1913
Le Volume : journal in 12° des instituteurs, des institutrices et de leur famille, p. 355, Henri Goy « J’interroge un passant en allemand ; il me considère avec mépris et va poursuivre sans mot dire ; heureusement je me ravise, je dis ma véritable identité, et tout aussitôt mon interlocuteur se fait aimable : du moment que je ne suis pas son compatriote, un Allemand détesté, je suis certain de trouver l’accueil le plus empressé. […] On passe la Moldau sur le pont Charles IV... » 

08/02/1914
Pau-gazette, p. 2, col. 4 « La Molda », E. Brunel 

24/12/1916
La Dépêche du Midi, 24 décembre 1916, p.1, col. 1, « La Question Tchèque » par Camille Mauclair 

L’entre-deux guerres : le règne Smetana

21/04/1921
La Dépêche, p. 1, col. 1 « II y a eu en Bohême un symphoniste de génie, héritier de la plus belle tradition beethovenienne, auteur de drames lyriques admirables, qui s'est appelé Frédéric Smetana. Toute l'Europe centrale l’a joué. J'attends encore son nom sur nos programmes, après tant de Richard Strauss. » (Camille Mauclair)

16/07/1921
Pau-Pyrénées, p. 2, col. 1-2, Nécrologie d’Édouard Brunel, signée P. D., avec la citation de Pierre Lalo 

14/08/1921
Le Petit Parisien, p. 4, col. 6
Festival de musique tchéco-slovaque à Paris (Fernand Le Borne). Ouverture du Secret (Smetana) et air de Rusalka de Dvořák (Ode à la Lune ?) , parmi d'autres. Orchestre des Tuileries, dir. Dedecek-Dostal (Pavel Dědeček)

1922
Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire, p. 2609, col. 2 « la Moldau (Ultava) »

26/08/1922
Floréal : l'hebdomadaire illustré du monde du travail, p. 812, col. 2 : « Barcarolle sur la Vultava » 

04/03/1924
Paris-midi, p. 1, col. 3, Paray et Pierné dirigent l’ouverture de La Fiancée vendue. 

08/03/1924
Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, p. 5, col. 3, Georges Auric 

10/03/1924
La Dépêche, p. 1, col. 5-6, "Un Génie tchèque" (Camille Mauclair)

Articles de Julien Tiersot dans Le Ménestrel :
15/08/1924

22/8/1924

29/08/1924

05/09/1924

12/09/1924

19/09/1924
Suite et fin 

27/10/1924
Le Matin, p.4, col. 3, Tabor, Alfred Bruneau

28/10/1924
Le Gaulois, p. 3, col. 6, et p. 4, col. 1, Tabor, « un choral massif exposé de façon boursouflée – un Liszt de qualité inférieure »

08/12/1924
La Pensée française, p. 12, col. 2 « Vitava » 

25/02/1925
Septimanie : revue d'art, p. 26, « La Musique Tchèque et la France », « génie de Smetana », Vltava, dir. Rhené-Bâton aux Concerts Pasdeloup

01/01/1928
La Renaissance de l'art français et des industries de luxe, p. 440, très élogieux sur Smetana, dans la lignée de Mozart, Tiersot 

novembre 1928
La Scène, La Fiancée vendue à l’Opéra-Comique, p. 1, col. 1 

01/01/1929
L'Europe illustrée, p. 7, Les Grands Compositeurs Tchèques, Vltava, propagande

22/03/1933
Matin-Paris, p. 4, col. 4, Moldau, annonce concert Lamoureux, dir. Elmendorff

25/03/1933
Le Temps, p. 3, col. 6, Elmendorff, Vltava (la Moldau), Florent Schmitt 

11/04/1934
La Dépêche algérienne, p. 4, col. 5-6, Concert Symphonique Smetana à l’Opéra, opéra d’Alger, avec Vltava (première en Afrique ?)

15/05/1934
Annales africaines, p. 175, col. 1-2 Festival Smetana à Alger, Vltava et autre, dir. Defosse, précédé par une conférence de Barbier

20/05/1934
Dimanche illustré, pp. 5 et 15, Frédéric Smetana, musicien et patriote tchèque, par Madeleine Epron 

29/06/1934
Le Ménestrel, pp. 237-238, cinquantenaire de la mort de Smetana, parallèle avec Beethoven

11/12/1937
La Dépêche de Brest, p. 3, col. 5, article sur Smetana, Vltava, Boher, Blanik. « "Vltava" n’est autre que le nom authentique de la Moldau, qui lui fut restitué après 1918 » (Pierre de Kersanton)

01/05/1938
La Revue des ambassades et des questions diplomatiques et coloniales, p. 38, col. 2-3 Moldava, disque Kubelík

01/01/1939
"Les Petites A", p. 4, col. 4, disque La Moldava

26/04/1939
La Bourgogne républicaine, p. 5, col. 3-4, une soirée de musique tchèque, Vltava cité mais pas donné 

06/11/1939
Paris-midi p. 4, col. 5, Moldau, musique interdite 


Quelques programmes de radio :

Après la guerre

1947
Paris-Dakar, p. 2, col. 4, Moldava à Radio Dakar

04/03/1949
Parallèle 50, page 5, colonne 1, article « Smetana » de Frédéric Marle 

12/01/1951
Tunisie-France, p. 3, col. 7, La Moldawa à Tunis, dir. Louis Gava

12/12/1953
Cols bleus, p. 2, col. 3, La Moldava, Karajan

03/01/1957
Documents pour la classe : moyens audio-visuels,, p. 21, col. 1, « La Moldava » 

03/10/1966
Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire, p. 42

2023
LES CLEFS DE L’ORCHESTRE DE JEAN-FRANÇOIS ZYGEL / LA MOLDAU DE SMETANA

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