Le docteur David R. Beveridge nous partage un article sur l'Ouverture hussite d'Antonín Dvořák. Cette étude pose encore une fois la question, un peu provocante mais nécessaire, du lien entre le fait national et l'effusion dvořákienne. Les lecteurs de ce site ne seront pas surpris de trouver ici un nouvel argument propre à relativiser le mythe d'un "compositeur du peuple", indéfectiblement marqué par le "génie national" - non que le génie soit absent, loin de là : on aura compris que c'est le cliché d'un artiste imbu d'un hypothétique patriotisme musical qui est ici questionné.
Une des notes ci-dessous aborde en outre une question qui m'interroge depuis longtemps : le possible modèle de l'Ouverture 1812, de Piotr Ilitch Tchaïkovski, sur la page du compositeur tchèque.
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Husitská : Ouverture de concert de Dvořák dépeignant les luttes des Tchèques pour la liberté religieuse et contre les envahisseurs étrangers.
par David R. Beveridge
Il y a près de trente ans, Dvořák était au cœur d'un essai de Michael Beckerman qui révélait deux facettes typiques de son auteur : ce texte était provocateur et avant tout brillant, en dépit de mes quelques réserves. Son titre était "Antonín Dvořák and the Mask of Nation" ["Antonín Dvořák et le masque de la nation”]. (1)
Le masque de la nation ? Nous avons toujours pensé que les liens de Dvořák avec la nation tchèque faisaient partie de son être le plus profond, et que la tchéquité représentait l'essence de sa singularité dans l'histoire de la musique. Toutefois, les recherches que j'ai menées sur ce compositeur depuis lors m'ont graduellement convaincu de la validité de l'hypothèse de Mike. Dvořák a souvent prétendu être plus tchèque ou plus slave dans sa musique qu'il ne l'était en vérité. Mais il était généralement contraint de le faire à cause des attentes et des désirs de son public, tant dans son pays qu'à l'étranger. Et les écrits sur Dvořák, depuis son époque jusqu'aujourd'hui, ont systématiquement exagéré l'importance de la tchéquité dans sa musique, comme celle du patriotisme tchèque de sa personnalité. Bien sûr, il y a quelque chose de tchèque dans son écriture. Mais il s'est inspiré de la musique de nombreuses nations. Il était effectivement un patriote tchèque, mais pas un patriote fanatique comme tant de ses concitoyens à cette époque. (2)
Presque tout ce que Dvořák a écrit avec un titre évoquant quelque chose de tchèque ou de slave était une réponse de sa part à une commande réclamant une telle caractéristique. Cependant, il a toujours été capable de satisfaire ces commandes en produisant une musique d'une très grande force de conviction. Un exemple en est l'Ouverture hussite, B. 132, composée en 1883 à la demande de František Adolf Šubert. (3)
Cette page devait servir d'introduction à une trilogie de pièces que Šubert avait l'intention d'écrire, consacrée à Jan Hus [Jean Huss], le célèbre réformateur religieux tchèque brûlé sur le bûcher comme hérétique en 1415. Comme Šubert l'a rappelé bien des années plus tard, Dvořák et lui étaient convenus que l'ouverture dépeindrait l'origine du mouvement hussite, les guerres hussites qui suivirent le martyre du héros et le retour de la paix après leur conclusion. (4)
Nous pourrions ajouter que le règne de la paix après les guerres hussites a commencé lorsque le Pape de Rome a accordé aux Tchèques le droit de mettre en pratique une partie des réformes que Hus avait préconisées, et que Hus fut dès lors considéré par les Tchèques comme une source de grande fierté nationale. En ce qui concerne le contenu programmatique de l'ouverture de Dvořák, nous n'avons du compositeur lui-même que les quelques mots un peu énigmatiques qu’il avait écrits sur une carte postale récemment découverte, envoyée à son ami Alois Göbl alors qu'il travaillait à son ouverture :
Il y aura trois éléments [ou "facteurs"] simultanément associés à la catastrophe, et à la fin une grande célébration. (5)
Si Šubert n'alla jamais au-delà du premier acte de la trilogie envisagée, (6) l'ouverture de Dvořák fut créée lors d'un concert au Théâtre national de Prague le 18 novembre 1883. (7) Elle est ensuite entrée au répertoire comme ouverture de concert et a été publiée l'année suivante par Simrock à Berlin sous le titre Husitská (c'est-à-dire Hussite)-Dramatische Ouvertüre. (8)
Cette ouverture est l'une de ses œuvres, en cela relativement rares, dans laquelle il employa des mélodies qui ne sont pas de sa propre composition, en l'occurrence deux chants religieux du Moyen Âge - alors que les mélodies usuellement utilisées par Dvořák dataient de périodes plus récentes. Il s'agit du choral dit "hussite" avec les paroles "Kdož jste boží bojovníci" (Vous qui êtes les guerriers de Dieu), (9) et le "choral de saint Wenceslas" - une prière au saint patron des Pays Tchèques. (10)
Ces deux chorals avaient déjà été employés par des compositeurs tchèques au cours des décennies précédentes avec les mêmes mélodies qu'utilisera Dvořák, l'exemple le plus connu étant celui donné par Bedřich Smetana pour le choral hussite. (11)
Dvořák avait quant à lui déjà eu l'idée d'utiliser plusieurs mélodies préexistantes dans une ouverture orchestrale. Un important précédent provenait d'un compositeur non tchèque, à savoir Brahms dans l'Ouverture pour une fête académique. Dans la carte postale à Göbl mentionnée plus haut, Dvořák déclarait que son Ouverture hussite s'approcherait de sa précédente ouverture maintenant connue sous le nom de Mon pays natal, en plus longue et plus grandiose. (12) Lorsqu'il était sur le point de composer cette première œuvre, Dvořák avait écrit à Fritz Simrock qu'il aimerait se calquer sur ladite ouverture de Brahms. (13)
Les deux ouvertures de Dvořák en question sont, comme l'Académique de Brahms, dans la tonalité de do. L'ouverture de Brahms se termine par une interprétation grandiose de la chanson Gaudeamus igitur.
Au point analogue de l'Ouverture hussite, nous entendons un thème processionnel tout aussi grandiose de Dvořák - essentiellement de sa propre invention, mais avec une allusion subtile au "choral de saint Wenceslas", comme nous le verrons plus loin.
Notez la similitude de l'effet, avec dans les deux cas le thème sonnant à l'unisson de deux trompettes, soutenu par un roulement de timbales à son début, des cymbales et une grosse caisse sur les temps faibles, et des gammes précipitées dans les cordes. De plus, les thèmes eux-mêmes présentent un air de famille, commençant sur le temps faible par un do tonique, plongeant vers le sol et présentant des rythmes pointés. (14)
Plus significative, sans doute, est la similitude entre la méthode de Dvořák et celle de Brahms, qui consiste à développer intensivement les variations de petites cellules motiviques. Examinons d'abord les mélodies préexistantes dans les formes employées par Dvořák, telles que publiées dans les sources dont il disposait probablement. (15)
Exemple 3. "Choral de saint Wenceslas" |
L'exemple 3 montre le "choral de saint Wenceslas" tel qu'il a été harmonisé par le professeur de Dvořák, Josef Förster. Dvořák fut également organiste sous sa direction à l'église de saint Vojtěch. (16)
Dvořák ne cite jamais cette mélodie dans son intégralité, mais en fait résonner la majeure partie aux mm. 28-38 dans son introduction, n'omettant de l'exemple 3 que les mm. 5-8 (répétition de la phrase d'ouverture) et mm. 9-10. Et voici le "choral hussite" tel que publié par Karel Jaromír Erben en 1868.
Exemple 4. "Choral hussite" (17) |
Dvořák se limite principalement à sa première phrase, mais passe en revue toute la deuxième phrase ("a zákona jeho") à trois reprises, aux mm. 121-28, 491-98, et 499-06.
Et maintenant, pour vous donner un petit aperçu de la méthode de travail de Dvořák avec les motifs, voici une réduction du tout début de son ouverture, montrant précisément ceux sur lesquels je souhaite attirer l'attention.
Exemple 5. Husitská, mm. 1-16, réduction. |
Le thème de procession de Dvořák en huit mesures, avec lequel s'ouvre l'ouverture, comporte dans ses cinquième et septième mesures une figure tournante qui s'avère être un embryon de la première citation qui suit, aux mm. 9-10, du "choral de saint Wenceslas", à savoir sa partie centrale - cf. mm. 11-14 de l'exemple 3, "pros za nás Boha....". Sa répétition séquentielle est rejointe en contrepoint par la première phrase du "choral hussite" - Cf. exemple 4. Chacune des deux lignes principales continue à dérouler son motif en séquences avec de subtils changements ; vers la fin de l'exemple 5, un fragment du motif hussite est greffé dans la ligne inférieure, relevant par ailleurs de saint Wenceslas.
Tout au long de l'ouverture, Dvořák fait un usage intensif des cellules motiviques provenant des deux chorals. Mais son développement complexe de petits motifs n'empêche nullement la représentation d'un grand drame. Au milieu de l'ouverture, quand est évoquée l'horreur des batailles, nous entendons les deux motifs du choral que nous venons d'observer dans l'ouverture, ainsi que la première phrase du "choral de saint Wenceslas".
L'Ouverture hussite a été accueillie avec un grand enthousiasme par les compatriotes de Dvořák et, dans l'ensemble, par les publics de toute l'Europe et des États-Unis, avec plusieurs dizaines de représentations connues de son vivant. Dans les villes germanophones, cependant, les réactions furent mitigées, clairement pour des raisons de tensions politiques et sociales entre Tchèques et Allemands dans l'Empire des Habsbourg. Le critique viennois Eduard Hanslick fit l'éloge de la musique, en tant que musique, tout en craignant que l'exécution d'une telle pièce dans certains quartiers de Prague ne provoquât des émeutes nationalistes. (18)
Le chef d'orchestre Hans von Bülow admirait particulièrement l'ouverture, mais son agent Hermann Wolff trouvait qu'il la jouait trop, peut-être sous la pression de l'éditeur Simrock. (19) Hypothèse inexacte : Fritz Simrock, lui aussi, trouvait que Bülow la jouait trop, qu'elle était trop provocante. (20)
Qu'en est-il de Brahms, qui avait été une source d'inspiration pour Dvořák dans la composition de cette œuvre et comptait en général parmi ses grands admirateurs ? Brahms écrivit à Fritz Simrock en 1884 que l'ouverture était "pompeuse, insolente et mauvaise" ! (21)
Ce n'est certainement pas un hasard si les trois œuvres de Dvořák que Brahms a rejetées dans l'ensemble étaient soit explicitement nationalistes - en plus de l'Ouverture hussite, il citait l'oratorio Sainte-Ludmila - soit perçues comme telle par Brahms - il s'agit du Te Deum. Brahms était en fait plus nationaliste allemand que Dvořák n'était nationaliste tchèque, et allergique aux revendications de droits formulées par les Tchèques de Vienne. (22) Trois ans plus tard, Brahms écrira à Fritz Simrock qu'il avait toujours craint que Dvořák ne fût un Tchèque fanatique. (23) Il finit par apprendre la vérité, et dans les dernières années de sa vie, ses relations personnelles avec Dvořák furent très chaleureuses.
Pendant ce temps, Dvořák lui-même était plus que satisfait de son ouverture, et elle devint l'une des œuvres orchestrales les plus fréquemment programmées dans les concerts qu'il dirigeait, le plus souvent sur sa propre suggestion. La grande majorité de ces concerts se déroulaient en dehors des Pays Tchèques - si le fait peut nous surprendre, il est à vrai dire logique. Chez lui, Dvořák était souvent rebuté par le patriotisme tchèque fanatique de nombre de ses compatriotes. À l'étranger toutefois, il défendait avec ardeur la cause tchèque et proclamait sa fierté pour sa nation. (24)
David R. Beveridge
Traduction Alain CF
Notes (les notes sont de l'auteur)
(1) Dans Dvořák and His World, ed. Michael Beckerman (Princeton : Princeton University Press, 1993), pp. 134-54.
(2) Voir David R. Beveridge, "Antonín Dvořák and the Concept of Czechness ", Clavibus Unitis VII (2018), n° 1, pp. 11-26. En ligne à l'adresse suivante :
https://www.acecs.cz/media/cu_2018_07_01_beveridge.pdf
(3) D'autres sont par exemple les deux ensembles de Danses slaves B. 78/83 et 145/147, et l'ouverture Můj domov (Mon pays natal), B. 125a qu'il a écrite comme ouverture de la pièce Josef Kájetan Tyl, auteur du texte de l'hymne national tchèque. Le Quatuor à cordes en mi bémol majeur B. 92, appelé officieusement quatuor "Slave" et doté d'un deuxième mouvement que Dvořák a intitulé "Dumka", a été écrit en réponse à la demande d'une œuvre devant présenter un tel caractère.
(4) František Adolf Šubert, "Vzpomínka [na Dvořáka]", Hudební revue IV/8-9 (octobre 1911), pp. 439-40, ici p. 440.
Líčíť v ní [dans l'ouverture] Dvořák vznik hnutí husitského, boje husitské a konečně po válkách nastalý opětný smír, jak byl koncem trilogie myšlen -- vše tak, jak jsme si to spolu smluvili.
(5) Carte postale du 11 août 1883 : "Budou tam tři momenty spojené zároveň s katastrofou a ku konci veliký jásot." Fac-similé, transcription éditée par Milan Kuna et traduction anglaise par David R. Beveridge dans Antonín Dvořák nejbližšímu příteli / Antonín Dvořák à son ami le plus proche (Prague : Nadační fond Pražský podzim / Prague Autumn Foundation, 2000), pp. 16-18.
(6) Šubert 1911 (voir note (4)) :
Z mé husitské trilogie, kterou jsem se chystal napsati, dostalo se na papír asi jen prvé dějství [...].
(7) Il y eut plusieurs critiques de presse. Voir par exemple Národní listy XXIII/277 (21 novembre 1883), édition du matin, p. [5], col. [1].
(8) Présentée ainsi dans la p. [146] du numéro de juin 1884 de Musikalisch-literarischer Monatsbericht über neue Musikalien, musikalische Schriften und Abbildungen (Leipzig : Friedrich Hofmeister) :
Dvořák, Anton, Op. 67. Husitská. Dramatische Ouv'.
Ce périodique est disponible en ligne à l'adresse suivante
https://anno.onb.ac.at/cgi-content/anno-plus?aid=hof
(9) Source la plus ancienne connue : le "Jistebnický kancionál" (hymnaire du village de Jistebnice près de Tábor en Bohême du Sud), vers 1420. Plus ancienne source connue de la mélodie utilisée par Dvořák et ses contemporains : Zpráva a naučení křesťanům věrným (1530), probablement connue de Dvořák par Karel Jaromír Erben, Výbor z literatury české, Díl druhý : Od počátku XV až do konce XVI století (Prague : České museum, 1868), cols. 281-84. En ligne à https://ndk.cz/view/uuid:3d010e30-967d-11dc-a3f5-000d606f5dc6?page=uuid:c22753b0-2e1c-11e9-9da6-5ef3fc9bb22f&fulltext=bratrsk%C3%A9
(10) Remontant au moins au XIe siècle, mais la plus ancienne notation connue de la mélodie date de 1473. Voir Viktor Velek, "'Pozdraven buď, kníže náš...' aneb o minulosti a přítomnosti svatovácklavské látky v hudbě", Psalterium Supplementum II/4 (15 août 2008), pp. I-XII. En ligne à http://zpravodaj.sdh.cz/files/pr_iv_08.pdf
La source la plus ancienne connue pour la mélodie utilisée par Dvořák, bien qu'il ne s'agisse que de sa partie finale, est le chant Těšme se blahou nadejí (Réjouissons-nous dans un espoir bienheureux) de Josef Theodor Krov datant de 1831. Pour la mélodie complète utilisée par Dvořák : Katolický varhaník : Sbírka nejvíce užívaných kostelních zpěvů s příslušnými před-, mezi- a dohrami, publié à Prague ca. 1855 par Josef Förster, son professeur à l'école d'organistes et plus tard supérieur lorsqu'il servait comme organiste à l'église de St. Vojtěch. Voir Jarmila Gabrielová, "Husitské reminiscence v hudbě Antonína Dvořáka : Dramatická ouvertura Husitská, Op. 67", dans Hus-Husitství-Tradice-Praha : Od reality k mýtu a zpátky (Prague : Historický ústav, 2020), pp. [229]-232. J'ai également reçu des communications à ce sujet de Viktor Velek et Tomáš Slavický.
(11) Dans son opéra Libuše et ses poèmes symphoniques Tábor et Blaník, composés respectivement en 1872, 1878 et 1879. Pour l'utilisation du choral hussite, Smetana avait été précédé par Karel Šebor, un ami de Dvořák, dans son opéra Husitská nevěsta (La Fiancée hussite) de 1868. La partie finale du choral de saint Wenceslas était déjà apparue dans une chanson de Josef Theodor Krov de 1831 (voir note précédente) et dans l'opéra Blaník de Fibich. Concernant Fibich, voir Jiří Kopecký et Marta Ottlová, "Ve stínu Smetanovy Lubiše : Fibichův Blaník a Národní divadlo", Hudební věda LVIII (2021), n° 1, pp. 76-119, ici pp. 85 et 91-92. Je remercie Viktor Velek, Tomáš Slavický, Jarmila Gabrielová, Jiří Kopecký, Milan Pospíšil et Vlasta Reittererová pour leur aide dans la recherche des usages des deux chorals avant Dvořák.
(12) "Bude to dílo asi jako 'Tyl' ouv[ertura] jenže mnohem velkolepější a větší." Carte postale du 11 août 1883 - voir note (5).
(13) "Sollte es mir beschieden sein, so ein Werk wie die 'Akademische' zu schreiben, würde ich Herrn Gott dafür danken". Voir Antonín Dvořák : Correspondance et documents, ed. Milan Kuna et al, Vol. 1 (Prague : Editio Supraphon, 1987), p. 278.
(14) Une différence importante est que Brahms réserve ce thème bien connu pour le point culminant de l'ouverture, alors que le thème original de Dvořák fait ici un retour triomphal après avoir résonné calmement au tout début de l'ouverture.
Une question intéressante, mais peut-être sans réponse, est de savoir si Dvořák n'aurait pas été influencé par l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski, qui, à deux égards au moins, a plus de points communs avec l'Ouverture hussite de Dvořák qu'avec l'Ouverture pour une fête académique de Brahms : elle a trait à une guerre, en particulier à la victoire d'une nation slave sur des forces armées étrangères, et le thème qui apparaît bruyamment au point culminant est un retour à un thème qui sonnait doucement au début (dans le cas de Tchaïkovski, un hymne d'église orthodoxe russe, alors que Dvořák présente un thème de sa propre invention). L'Ouverture 1812 a été publiée en 1882, comme le rapporte le journal musical pragois Dalibor du 20 avril 1882, p. 96. Mais à ma connaissance, Dvořák n'a jamais mentionné cette pièce. Pour autant que j'aie pu le déterminer, elle n'a pas été jouée à Prague avant 1888.
(17) Karel Jaromír Erben, Výbor z literatury české, Díl druhý : Od počátku XV až do konce XVI století (Prague : České museum, 1868), cols. 283-84.
(18) Neue Freie Presse n° 9877 (23 février 1892) Morgenblatt, p. [1] :
Es ist dies eine groß angelegte Composition von gewaltiger, fast unheimlich drängender Energie. Aus der langsamen Einleitung, deren Thema einem altböhmischen Kirchenlied entstammt, tritt uns die schwermüthige Andacht, aus dem Allegro die ganze Wildheit und Kampfbegier der Hussiten leibhaftig entgegen. Das Stück klingt so fanatisch, als wenn es stellenweise mit Aexten, Sensen und Morgensternen instrumentirt wäre. In Wien wird die Hussiten-Ouvertüre keinen Schaden anrichten; bei einer Volksversammlung auf dem Ziskaberg möchten wir sie aber nicht ausspielen lassen. Von rein musikalischem Standpunkt betrachtet, verräth de Composition trotz ihrer Ueberfülle und ihres Ueberlärms eine geniale Begabung und große technische Herrschaft. Dvořak verfällt nicht in die Formlosigkeit und die Jagd nach falschen Contrasten, die uns in den "dramatischen" Symphonien so vieler neudeutscher Componisten abstößt.
(19) Voir Otakar Šourek, Život a dílo Antonína Dvořáka (La vie et l'œuvre d'Antonín Dvořák), vol. 2, 3e édition (Prague : Státní nakladatelství krásné literatury, hudby a umění, 1955), p. 183.
(20) Lettre du 4 janvier 1890 de Fritz Simrock à Dvořák :
Bülow macht ja die Husitska seit Jahren - aus Opposition ! Dem Publikum gefällt das Stück nie - ich habe das schon 6 mal erlebt.
Wilhelm Altmann, "Antonín Dvořák im Verkehr mit Fritz Simrock", N. Simrock Jahrbuch II, ed. Erich H. Müller (Berlin : N. Simrock, 1929), pp. 84-151, ici p. 132. Cette lettre ne figure pas dans l'édition collectée de la correspondance de Dvořák.
(21) "Die Ouvertüre ist leider renommistisch, frech und schlecht". Dans Johannes Brahms : Briefe an P. J. Simrock und Fritz Simrock, éd. Max Kalbeck, vol. III (Berlin : Deutsche Brahms-Gesellschaft m. b. h., 1919), pp. 65-67. En ligne à https://archive.org/details/BrahmsBriefwechsel11/page/n51/mode/2up.
Kalbeck date cette lettre [18-19 août 1884], mais en réalité elle doit avoir été écrite avant le 13 août 1884. La réaction de Brahms à l'ouverture de Dvořák est fondée sur l'étude de la partition ; il n'avait pas entendu l'œuvre jouée.
(22) Voir David R. Beveridge, "Dvořák and Brahms : A Chronicle, an Interpretation", dans Dvořák and His World, ed. Michael Beckerman (Princeton : Princeton University Press, 1993), pp. 56-92, en particulier pp. 84-87.
(23) "Ich hatte eigentlich immer gemeint und gefürchtet, er selbst wäre ein sehr fanatischer Böhm !" Lettre du [7 novembre 1887]. Johannes Brahms : Briefe an P. J. Simrock und Fritz Simrock, ed. Max Kalbeck, vol. III (Berlin : Deutsche Brahms-Gesellschaft m. b. h., 1919). Voir note (21).
(24) Voir encore David R. Beveridge, "Antonín Dvořák and the Concept of Czechness", Clavibus Unitis VII (2018), n° 1, pp. 11-26, ici surtout pp. 20-25. En ligne à l'adresse suivante :
https://www.acecs.cz/media/cu_2018_07_01_beveridge.pdf
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