L’impact de la musique de Janáček en Europe
1. Introduction (cet article)
5. Janáček en France (à venir)
1. Introduction
Sur ce site, depuis presque une vingtaine d’années, j’ai exploré comment la musique de Janáček avait mis beaucoup de temps à s’imposer aux oreilles et au cœur des mélomanes français et bien sûr auprès du grand public. Par ailleurs, mon livre Janáček en France, de l’indifférence à la reconnaissance, paru en 2014 aux Editions de l’Ile bleue a traité abondamment cette thématique.
Pour élargir le propos, il était nécessaire de scruter comment Jenůfa, dans un premier temps, et ensuite les opéras et l’essentiel de la musique de Janáček avaient trouvé le succès dans l’ensemble du pays ainsi que chez d'autres peuples européens.
En 2012, l’éminent musicologue britannique John Tyrrell a bien voulu rédiger pour mon livre un article copieux et fort documenté Janáček au Royaume Uni que vous trouverez à cette adresse.
Le musicologue et chef d’orchestre Robert Ferrer après avoir offert aux lecteurs de ce site ses recherches sur la diffusion espagnole de Jenůfa a soutenu récemment une thèse à Brno sur la propagation de la musique de Janáček en Espagne. Comme il m’a communiqué très aimablement le texte de sa thèse, j’ai fait part de sa richesse sur cet article.
En Allemagne, la diffusion de la musique de Janáček ne tarda pas. Presqu’aussitôt qu’un de ses opéras fut créé à Brno et à Prague, des maisons d’opéra allemandes emboitèrent le pas au pays voisin. Un article tente de faire le point sur cette question.
Ainsi, à travers quatre pays, Allemagne, Espagne, France, Grande Bretagne, chacun pourra envisager de quelle manière la musique de Janáček s’est tracée un chemin, parfois difficile et sur un temps long pour finir par triompher dans le monde musical européen.
D’Allemagne au Royaume-Uni et en France, les rapports de Janáček avec l’un ou l’autre de ces pays furent très différents. Alors que, de son vivant, le compositeur lutta de toutes ses forces pour faire triompher la langue et la culture tchèque aux dépens de la culture germanique qui dominait dans les pays tchèques et qu’il vouait, en plus de son admiration de la culture slave, un intérêt manifeste pour la France, par une ironie singulière, ce fut l’Allemagne qui accueillit sa musique la première et de belle manière. Par la suite, l’engouement du public allemand pour ses ouvrages ne se démentit pas. L’Angleterre où Janáček se rendit en 1926 lui réserva d’abord une écoute courtoise, mais resta longtemps sur une réserve prudente. Les années 1960 marquèrent un changement conséquent qui s’intensifia rapidement dans les années suivantes. Le chef d'orchestre Charles Mackerras ne fut pas étranger à l'accoutumance du public britannique à la musique du compositeur morave. La France, en mauvaise élève, après une tentative réservée d’acclimatation de sa musique débutant vers les années 1960, n’emboîta fermement le pas à ses voisins qu’à partir de 1988. Si elle n’a pas complètement rattrapé son retard sur ces pays voisins, on n’y discute plus vraiment les mérites de Janáček dans le développement de la musique contemporaine, même si le compositeur morave conserve son statut particulier de musicien solitaire et atypique. De l’autre côté des Pyrénées, on vit un peu le même phénomène se propager, une découverte tardive, tempérée par un engouement plutôt rapide qu’une différence culturelle importante entre la culture hispanique et celle d’Europe centrale n’empêcha pas.
Joseph Colomb - juillet 2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire