Pages

12 juillet 2021

Janáček au Royaume Uni

L'impact de la musique de Janáček en Europe

2. Janáček au Royaume Uni


1. Introduction

2. Janáček au Royaume Uni (cet article)

3. Janáček en Espagne

4. Janáček en Allemagne

5. Janáček en France (à venir)


Inlassable chercheur sur Janáček et sa musique et incomparable connaisseur du musicien et de son œuvre, John Tyrrell a eu l’extrême gentillesse de rédiger en décembre 2012 pour mon livre Janáček en France un bel article sur Janáček au Royaume-Uni. Le voici ci-dessous.



Janáček s’imposa lentement en Grande Bretagne. Alors qu’en Allemagne, suite à la belle mise en scène dirigée par Erich Kleiber à Berlin en 1924, Jenůfa était devenu l’une des œuvres favorites des maisons d’opéra, il fallait attendre encore quatre décennies pour qu’apparaissent les prémisses d’une reconnaissance populaire de Janáček dans les Iles britanniques. La première œuvre de Janáček entendue en public au Royaume Uni fut probablement le chœur pour voix d’hommes Maryčka Magdónova, (1) JW IV/35, donné au Queen’s Hall à Londres le 26 mai 1919 par la Chorale des instituteurs moraves pour sa tournée d’après guerre. C’était le premier voyage outre Manche de la Chorale. A cette époque, la redoutable Rosa Newmarch (1857 - 1940), écrivain et critique, préféra porter son attention sur la jeune république tchécoslovaque plutôt que sur la Russie qui l’avait jusque-là attirée. Elle découvrit que le plus excitant des nouveaux compositeurs tchèques était le vieux Leoš Janáček. Elle se rendit à Brno le 20 avril 1922 pour le rencontrer. Elle y entendit les productions de Jenůfa et Káťa Kabanová. Il se trouva même qu’elle assista à la création de la Sonate pour violon. Plus tard cette même l’année, le 27 octobre, elle organisa la première britannique du Journal d’un disparu (3) au Wigmore Hall, chanté par Mischa-Leon et Cecelia Brenner accompagnés par Harold Craxton. L’événement laissa les auditeurs très perplexes, malgré la conférence que Newmarch avait donnée la veille sur l’œuvre en question.


Ce fut grâce aux seuls efforts de Newmarch que, quatre ans plus tard, Janáček se retrouva à Londres pour un de ses rares voyages à l’étranger (du 28/4 au 8/5/1926). Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi. Au moment de son arrivée, une grève générale se déclencha. La soirée de musique de chambre programmée au Wigmore Palace le 6 mai (Quatuor à cordes n° 1, Mládi, Sonate pour violon, Pohádka pour violoncelle et piano) se déroula comme prévu, mais il n’y eut aucun transport public pour venir assister au concert, le programme ne put pas être imprimé et les journaux ne firent aucun compte-rendu du récital. Janáček fut peu enthousiasmé par le jeu des interprètes anglais (trop « emprunté » et « froid », Cf. XV/285 [2]) et l’effet produit par ce concert se révéla négligeable. Janáček lui-même pensait qu’il n’était pas bien représenté par sa musique de chambre - les opéras représentaient à ses yeux l’essentiel de son œuvre - mais les chances qu’un opéra de Janáček puisse être représenté dans la seule maison d’opéra londonienne, l’Opéra royal de Covent Garden, étaient presque nulles au vu du conservatisme dont faisaient preuve aussi bien les programmations que le public d’alors.


Le séjour de Janáček eut comme principale vertu celle de le faire connaître par les musiciens locaux. Newmarch avait fait le nécessaire pour lui faire rencontrer plusieurs personnalités musicales anglaises. Il fit notamment la connaissance du chef Sir Henry Wood. A l’instigation de Newmarch, Wood avait très tôt donné la première britannique de L’Enfant du violoneux au Queen’s Hall à Londres, le 3/5/1924 (ce qui pourrait sembler aujourd’hui un choix de programmation étrange peut s’expliquer par la facilité d’obtention de cette partition, alors imprimée en hommage au soixantième anniversaire du compositeur). Wood continua à créer d’autres pièces orchestrales de Janáček (la Sinfonietta et Taras Bulba, tous deux à Londres en 1928) ainsi que de la Messe glagolitique au Festival de Norwich en 1931. En dépit des efforts de Newmarch et de Wood, la connaissance de Janáček en Grande Bretagne restait très imparfaite, comme le révèle la brève nécrologie publiée dans The Musical Times, le principal mensuel musical de l’époque (1/9/1928, p. 846). Onze lignes de biographie précèdent seulement quatre lignes sur sa musique : « Un compositeur prolifique, Janacek [sic], tire du folklore l’essentiel de son matériel sonore. Son plus grand succès, parmi ses opéras, est Jenůfa, souvent monté en Europe et même donné à New-York. »


Le chef d'orchestre Henry Wood en 1906

Peut-être que les années 30 auraient été différentes en Grande Bretagne pour Janáček si Emil Hertzka, le directeur d’Universal Edition, avait vécu plus longtemps. Hertzka avait été heureux dans sa promotion de Janáček dans les régions germanophones. Il aurait pu, suite à cela, s’appliquer à faire traduire les livrets dans d’autres langues pour ouvrir la voie à des exécutions dans de nouveaux pays européens. Mais sa mort en 1932 et le rapprochement de l’Autriche et du Reich allemand semblent avoir mis fin à cette éventualité. Au déclenchement de la guerre en 1939, tous les contacts – que ce soit avec la Grande Bretagne, Vienne ou la Tchécoslovaquie démembrée – cessèrent pendant la durée des hostilités.


En dépit de cela, la guerre fut à l’origine d’un certain nombre de changements qui allaient favoriser Janáček. D’abord, le théâtre Sadler’s Wells fut réouvert en 1945 avec la création à cette occasion de Peter Grimes de Britten, emblématique d’un répertoire moins conformiste. Ensuite, Charles Mackerras, jeune chef australien qui cherchait à étudier à l’étranger, fut persuadé, après une rencontre fortuite avec un ancien patriote tchèque, que Prague, relativement épargnée par les combats, était un meilleur choix que les cités dévastées d’Allemagne et d’Autriche. Pendant cette année (1947-1948) d’études à Prague soutenue par une bourse du British Council, Mackerras prit des leçons privées auprès du grand chef tchèque Václav Talich. Mackerras s’enthousiasma durablement pour la musique tchèque et surtout pour sa nouvelle découverte, Janáček. Après son retour à Londres, engagé comme chef apprenti au Sadler’s Wells (1948 - 1954), il réussit à persuader le directeur de la compagnie, Norman Tucker, de l’importance de Janáček. Ainsi Káťa Kabanová fut ajouté au répertoire : pour la première fois un opéra de Janáček allait être monté en Grande Bretagne. Le jeune chef assura l’essentiel des répétitions. Et quand Michaël Mundie, qui devait diriger la première du 10 avril 1951, tomba malade, ce fut Charles Mackerras âgé de 24 ans qui monta sur l’estrade. Mackerras devait continuer à défendre avec opiniâtreté les œuvres scéniques, orchestrales et chorales de Janáček jusqu’à sa mort en 2010, presque soixante ans plus tard.


On aimerait rapporter que Káťa Kabanová fût à l’origine d’un changement de l’opinion courante sur Janáček en Angleterre, mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Le public de ce nouvel opéra fut rare, les critiques tièdes. Le doyen des critiques britanniques, Ernest Newman, âgé de 83 ans, qui s’était moqué de Jenůfa lors de la première new-yorkaise en 1924 était toujours vivant, et toujours hostile. Et les choses ne s’améliorèrent pas à l’Opéra royal lorsque Rafael Kubelik, alors directeur de l’opéra, introduisit Jenůfa en 1956. Janáček était de l’avis général un compositeur d’opéras étrange, médiocre et difficile à classer. Remarquons cependant qu’en dépit de son absence de succès, le théâtre Sadler’s Wells conserva Káťa Kabanová à son répertoire et ajouta même une nouvelle création de Janáček en 1961 (La Petite Renarde rusée) dirigée par Colin Davis, sans susciter davantage de réactions favorables.


La situation ne changea qu’en 1964, à l’occasion de deux événements. Le premier eut lieu au Sadler’s Wells quand Charles Mackerras introduisit le quatrième opéra de Janáček, celui qui est peut-être le moins séduisant de la série, car représentatif du Janáček tardif et au style sévère, à savoir L'Affaire Makropulos. Mais, bizarrement, cette œuvre séduisit le public britannique comme aucun des opéras précédents n’avait su le faire. Peut-être le succès fut-il dû à la distribution idéale choisie par un Mackerras de plus en plus expérimenté, à moins qu’il fût causé par l'amour des Anglais pour le théâtre. L'histoire du genre opératique était particulière en Grande-Bretagne. Au contraire du continent, où la plupart des grandes villes possédaient un théâtre lyrique, la Grande-Bretagne n'avait alors aucune société d'opéra permanente en dehors de la capitale. Ceci étant dit, les Anglais possédaient depuis longtemps un amour du théâtre, avec beaucoup d’excellents dramaturges depuis Shakespeare et son époque. Et L’Affaire Makropoulos, d’après une pièce de Karel Čapek (dans une grande mesure, une enquête policière), chantée en anglais dans un petit théâtre par une équipe capable de bien se faire comprendre, fut reçue comme une irrésistible intrigue dramatique au déroulement illustré par de mémorables beautés musicales. Du jour au lendemain la réputation de Janáček en Angleterre prit son essor.


Un événement d’une force encore supérieure survint quelques mois plus tard quand, grâce à l’initiative et à l'enthousiasme du directeur du Festival d'Édimbourg, le Comte de Harewood, Janáček fut le compositeur vedette du festival annuel. Pendant trois semaines, il fut possible d’entendre la majeure partie de la musique orchestrale et instrumentale de Janáček, ainsi que deux de ses opéras (Káťa Kabanová et De la maison des morts, joués par le Théâtre National de Prague). A ce moment-là, la magnifique biographie de Jaroslav Vogel avait été publiée dans une traduction anglaise fidèle (1962) et était enfin en mesure d’éclairer de manière exhaustive la vie et l’œuvre du compositeur. Le revirement était tel que l’année suivante, Mackerras le mit à profit pour présenter De la maison des morts au public londonien au Sadler’s Wells, non dans l’orchestration d’Oswald Chlubna que le Théâtre National de Prague avait utilisée en Ecosse, mais dans une version beaucoup plus austère. Ce fut l’une des premières tentatives de revenir à la version originale de Janáček.


Enregistrement de Jenůfa par Charles Mackerras avec Elisabeth Söderström


Un autre événement d’importance facilita ce revirement d’opinion. Après le succès de son enregistrement du Ring de Wagner, la maison de disques Decca décida de lancer un autre grand projet, à savoir un cycle de cinq opéras de Janáček, Káťa Kabanová (1977), L’Affaire Makropulos (1979), De la Maison des morts (1980), La Petite Renarde rusée (1982), Jenůfa (1983). Ils furent enregistrés à Vienne avec l’Orchestre philharmonique de Vienne (célèbre pour sa sonorité satinée) dirigé par un Mackerras (célèbre pour sa rudesse) maintenant au sommet de son art. La rencontre de ces deux forces fit des étincelles. Le résultat en fut captivant. Les chanteurs venaient de Tchécoslovaquie (la principale exception était l’incomparable soprano suédoise Elisabeth Söderström, une cantatrice qui comprenait parfaitement la musique de Janáček doublée d’une star qui domina trois enregistrements en intensifiant encore la fascination de ces oeuvres). Quelques années plus tôt, j’avais suggéré à Mackerras de ne pas jouer Jenůfa dans la version révisée, celle autrefois réorchestrée par le chef pragois Karel Kovařovic. L’idée était de revenir à l’opéra tel qu’il existait avant les retouches de Kovařovic. Ce projet nécessitait des recherches et une reconstitution minutieuse. Avec l’enregistrement de Jenůfa par Mackerras en 1983, pour la première fois depuis des décennies cet opéra fut entendu grosso modo comme Janáček l’avait laissé, et non dans la réorchestration néo-straussienne de Kovařovic. La plupart des opéras de Janáček étaient officiellement disponibles dans des enregistrements tchèques des années 50 et 60 mais leur diffusion avait été si aléatoire au Royaume Uni qu’il fallait être à la fois très déterminé et très chanceux pour les acquérir. Avec le cycle des cinq opéras gravés par Mackerras pour Decca, il était maintenant facile de se procurer ces enregistrements exceptionnels. Ils établissaient une nouvelle référence pour l’interprétation de cette musique et, pour la première fois, étaient accompagnés d’une notice copieuse et détaillée, basée sur les recherches les plus récentes.


Charles Mackerras, chef d'orchestre © collection privée


Un autre grand projet permit de faire entendre pendant ces mêmes années les opéras de Janáček en dehors de Londres. L’Opéra National Gallois (Cardiff) et l’Opéra Ecossais (Glasgow) coopérèrent pour offrir une série de représentations reprenant le cycle des 5 oeuvres publiées par Decca. L’équipe était à chaque fois la même : Richard Armstrong (chef principal de l’Opéra National Gallois), David Poutney (metteur en scène de l’Opéra Ecossais) et Maria Björnson (décoratrice). Jenůfa fut le premier opéra joué en 1975 et De la Maison des morts termina la série en 1982. Ces deux compagnies d’opéras, contrairement à celles installées à Londres (l’Opéra Royal et Sadler’s Wells, rebaptisé Opéra National Anglais depuis 1974), faisaient des tournées. Elles se rendirent au Pays de Galles, en Ecosse et dans plusieurs villes d’Angleterre. En outre, ces compagnies d’opéra étaient conscientes qu’il fallait créer un public pour Janáček. Partout où les opéras devaient être joués, elles accompagnèrent ces représentations par des ateliers animés par des chanteurs et des connaisseurs du compositeur. Quelques années plus tard, Opera North, maison d’opéras récemment implantée à Leeds (nord de l’Angleterre) entreprit la programmation systématique des opéras de Janáček en commençant par sa propre production de Káťa Kabanová en 1983. De cette date jusqu’en 2012 elle monta six des opéras de Janáček, et pour certains dans plusieurs productions. En même temps, le Festival de Glyndebourne, après une précoce Petite Renarde rusée en 1975, produisit un cycle restreint avec Káťa Kabanová (1988), Makropulos (1995) et Jenůfa (1991), tous par la même équipe, le chef Andrew Davis, le metteur en scène Nikolaus Lehnoff et le décorateur Tobias Hoheisel.


En plus du cycle des cinq opéras de Janáček chez Decca, Les Excursions of Mr Brouček furent montés deux fois à l’Opéra National Anglais (1983 et 1992), à chaque fois sous la direction de Charles Mackerras, ainsi qu’à l’Opera North en 2009. L’ENO (English National Opera) programma Le Destin (1984, précédé par une version de concert sous la direction de Simon Rattle en 1983). Mackerras en dirigea aussi une version de concert au Welsh National Opera en 1989.En 2002, le Festival d’opéras à Garsington donna conjointement Le Destin et la première production scénique de Šárka au Royaume Uni (une version de concert en avait été jouée au Festival d’Edimbourg en 1993). Si la plupart des conservatoires de musique britanniques (citons the Royal College of Music, the Royal Academy of Music, the Royal Northern College of Music) avaient commencé à produire régulièrement des opéras de Janáček dans les années 70, la Guildhall School of Music à Londres donna en 1974 la première et unique représentation de Commencement d’une romance jamais entendu au Royaume-Uni, sous la direction d’un chef vétéran, le Tchèque Vilém Tauský.


Nous observons, sans le moindre doute, qu’au moins cinq opéras de Janáček sont entrés au XXIe siècle au répertoire courant des maisons d’opéras britanniques. La difficile lutte qui avait imposé Janáček au Royaume-Uni appartenait dès lors au passé. La langue utilisée sur scène commençait elle aussi à changer. L'Opéra national anglais respectait sa mission de présenter les opéras en anglais, que ce soit dans ses reprises habituelles ou pour ses nouvelles productions. C’était aussi la politique de l’Opera North. Ailleurs, avec l'utilisation de plus en plus fréquente des sous-titrages, on commença à utiliser la langue tchèque. On pourrait soutenir que cette approche avait été étrennée en Irlande, avec la production du Festival de Wexford de Káta Kabanová (1972) en langue tchèque transportée à York l'année suivante, mais le véritable début eut en fait lieu en 1986 avec Jenůfa à l’Opéra royal en 1986, sous la direction de Bernard Haitink et avec la mise en scène de Yuri Lyubimov. A la suite de cet événement toutes les productions à suivre de l’Opera Royal, de Glyndebourne et à partir de 1998 du Théâtre National Gallois furent en tchèque. Cette évolution porta un coup fatal aux productions britanniques antérieures (avec des chanteurs locaux s’adressant à un public local dans sa propre langue). Il permit en revanche d’engager non seulement des interprètes, mais encore des stars internationales (Anja Silja, Karita Mattila) qui de plus en plus se mirent à chanter Janáček en langue tchèque. A l’opposée de cette orientation, l’on pourrait également noter la vitalité de productions à petite échelle, en langue anglaise et dans une orchestration réduite, qui firent entendre Janácek dans des salles minuscules. Ainsi en fut-il avec la production du Festival Ryedale de La Petite Renarde Rusée donnée à Ampleforth School Hall en 2011. Dans le même esprit, la maison de disques Chandos enregistra pour sa collection « Opera in English » cinq opéras de Janáček dans une version anglaise.


Les interprétations de la musique de Janáček ont été soutenues depuis les années 90 par une remarquable activité de recherche, rendue possible en Angleterre par la publication de nombreux écrits et lettres du compositeur, les mémoires de sa veuve, l’édition du catalogue le plus complet et le plus détaillé de ses œuvres (Nigel Simeone, John Tyrrell and Alena Němcová : Janáček’s Works, 1997) et de trois biographies. La dernière d’entre elles (John Tyrrell: Janáček: Years of a Life, 2006–7) est aussi la plus considérable jamais éditée, toutes langues confondues. Le vif intérêt de Charles Mackerras pour les versions originales se concrétisa par la publication chez Universal Edition en 1996 d’une nouvelle édition de Jenůfa (basée sur l’édition de Brno de 1908 et conçue par Charles Mackerras et John Tyrrell, elle devait supplanter celle de Kovařovic). Une édition similaire de La Maison des morts est en préparation. Parmi d’autres éditions britanniques l’on trouve la Messe Glagolitique (par Paul Wingfield) et la reconstitution de la partition originale de Jenůfa (1904) par Mark Audus, donnée en première audition à Varsovie en 2004.


Trois volumes du musicologue John Tyrrell

Cet article s’est concentré sur les productions opératiques de Janáček en Grande Bretagne sans mentionner les autres œuvres. En effet, les exécutions au cours des cinquante dernières années des ouvrages orchestraux de ce compositeur, tels la Sinfonietta et Taras Bulba, de la plus grande partie de son œuvre de musique de chambre et des pièces pour piano seul, de la Messe glagolitique et du Journal d’un disparu se sont naturellement imposées au répertoire courant. A cause de la difficulté de leur interprétation (que ce soit pour le chant ou pour les contraintes linguistiques, tant il semble difficile de se passer ici du tchèque), le corpus admirable des chœurs pour voix d’hommes reste la grande lacune parmi les œuvres de Janáček jouées en Grande Bretagne. Ironiquement, c’est avec eux que tout débuta en Grand Bretagne, il y a presque un siècle de cela.


John Tyrrell,
 musicologue britannique © collection privée


John Tyrrell - décembre 2012

traduction d’Alain Chotil-Fani - janvier 2013


Qui mieux que John Tyrrell pouvait décrire le parcours de la musique de Janáček en Grande Bretagne pendant une centaine d'années ? Ses travaux musicologiques ont débuté à la fin des années 1960 et n'ont pas cessé. Il commença par des articles dans des revues spécialisées ou non, puis sa plume s'intensifia pour livrer un premier volume bientôt suivi de nombreux autres respectant tous une rigueur scientifique où chaque événement et chaque analyse étaient soumis à des vérifications profondes. Ce qui n'excluait pas une chaleur remarquable dans l'écriture. Sa culture était plus que mémorable. Il assura également le suivi des pages de l'encyclopédie du New Grove dictionary. 

Ses publications :

Kát'a Kabanová, 1982

Czech Opera, 1988

Janáček's operas, 1992

Intimates letters, 1994

Janáček' works, a catalog of music and writings (avec Nigel Simeone et Alena Němcová), 1997

My life with Janáček, 1998

Janáček, Years of life, volume 1, 2006

Janáček, Years of a life, volume 2, 2007

Charles Mackerras, 2015 (avec Nigel Simeone)

Malheureusement, depuis sa disparition en novembre 2018, nous ne verrons plus sa signature à la fin d'une nouvelle publication.

Joseph Colomb - juillet 2021

Notes : 


1. Maryčka Magdónova est la première œuvre de Janáček à avoir été introduite en France par la Chorale des Instituteurs moraves, le 23 avril 1908, à Paris dans les salons de l'Hôtel de Ville.

2. Le Journal d'un disparu porté par le ténor Mischa-Leon  accompagné par le pianiste britannique Harold Craxton après leur exécution à Londres fut donné par les mêmes interprètes en création française à Paris le 15 décembre 1922 dans la salle de l'Ancien Conservatoire. 

3. XV/285 Moře, Zeme, (Mer, Terre) feuilleton de Janáček daté du 10 juin 1926, publié dans Lidové noviny le 13 juin 1926. Ce texte relate à la façon particulière du compositeur, le trajet en bateau entre la Hollande et la Grande Bretagne. Il fait part des musiques produites par la mer.

  



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire