Lieux de vie et voyages de Dvořák 1873-1877 (7)
Septième partie de l'étude du Dr David R. Beveridge sur les lieux de vie et voyages de Dvořák de 1873 à 1877.
1. Introduction
2. La vie des mariés avec la belle-famille
3. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák
4. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák (suite 1)
5. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák (suite 2)
6. Quitter « à l’étang » - pourquoi ?
7. Voyages depuis « l'étang » - Vienne - Lipník en 1876 - Excursions avec Janáček (ci-dessous)
8. Sychrov - Moravie en 1877 - Conclusion
1. Introduction
2. La vie des mariés avec la belle-famille
3. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák
4. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák (suite 1)
5. La vie de mariage dans le premier appartement du couple, "à l'étang" : la période la plus prolifique de Dvořák (suite 2)
6. Quitter « à l’étang » - pourquoi ?
7. Voyages depuis « l'étang » - Vienne - Lipník en 1876 - Excursions avec Janáček (ci-dessous)
8. Sychrov - Moravie en 1877 - Conclusion
_____________
Lieux de vie et voyages de Dvořák pendant les premières années de son mariage (1873-1877) – sa plus période la plus prolifique (7)
par David R. Beveridge
Voyages depuis « l'étang »
Pendant cette période où Dvořák habita « à l'étang », la documentation connue indique une augmentation significative du nombre de voyages entrepris par le compositeur, en regard des périodes précédentes. Cela est surtout marquant si l’on compare avec les neuf années qui précèdent : depuis sa visite à Zlonice en avril 1865, un seul voyage est identifié, à Kladno en septembre 1873 (78). Cette hausse reflète sans doute une documentation globalement plus complète pour la période « à l'étang », c'est-à-dire nous en savons un peu plus concernant les allées et venues de Dvořák. Mais on peut raisonnablement penser que l’augmentation des voyages, bien que limitée, était bien réelle, en relation avec le lent développement de sa carrière de compositeur. Cette croissance préluderait alors la multiplication des déplacements à partir de 1878, quand ses compositions ont commencé à être publiées et exécutées en dehors des pays tchèques.
Commençons avec les voyages les plus mondains. Alors que le compositeur vivait « à l'étang », il se rendait chaque été à son village natal de Nelahozeves pour se procurer un document officiel, nécessaire pour sa candidature annuelle à une bourse d'état. Il s’agissait en fait d’un certificat de naissance et de santé. Nous possédons toujours ces documents, utilisés pour ses deuxième et troisième candidatures, et datés par des services officiels de Nelahozeves le 17 juillet 1875 et le 15 juillet 1876. On peut penser qu’il avait aussi besoin de produire de tels certificats pour ses première et quatrième candidatures de 1874 et 1877 (ainsi que pour sa cinquième en 1878, alors qu'il habitait rue Žitná), mais les documents de ces années ont disparu. (79) En réalité, ces certificats n'offrent pas de preuve directe de la venue de Dvořák en personne à Nelahozeves, mais cela semble raisonnable de le penser. Le deuxième d'entre eux comporte une confirmation donnée par un officiel d'église du village voisin de Vepřek en date du lendemain, 16 juillet 1876, et les deux portent le visa d'officiels au siège du district, Slaný (18 km à l'ouest-sud-ouest de Nelahozeves), datés du 23 juillet 1875 et du 29 juillet 1876 respectivement. On ignore si Dvořák dut se rendre à Slaný pour prendre possession de ces documents. Il est possible qu'ils lui furent envoyés par courrier.
Nous possédons aussi la trace d'une visite plus directement « musicale » de Dvořák à sa région natale pendant cette période. Au début de son mariage, sans doute en 1875, le compositeur fut amené à donner un récital de piano dans une taverne du village de Tursko, à 8 km au sud de Nelahozeves. Cette taverne était gérée par son cousin Jan Křtitel Dvořák (fils de son oncle du même nom, qui habitait Veltrusy) avec lequel il resta en contact régulier (80). L'événement, selon les dires de l’époque, suscita un grand enthousiasme dans la région et attira un public fort nombreux. (81)
Vienne
Nous avons toutes les raisons de penser que le plus important des voyages de Dvořák, pour la période qui nous intéresse, eut lieu fin février et/ou début mars 1875. Même si les évocations directes de cet événement sont rares, nous pouvons le reconstituer dans une certaine mesure en rassemblant plusieurs éléments ténus, issus de sources éparses. Le 6 mars 1875, le journal musical Dalibor publia la nouvelle suivante – oui, une seule phrase :
Le compositeur Antonín Dvořák a récemment réalisé un voyage, suite à la subvention d'État qui lui a été octroyée (82)
Cette phrase est la seule preuve directe de ce voyage pour la période à l'étude. Par ailleurs nous n'avons pas de documentation spécifique sur les allers et venues de Dvořák pour l'intégralité des mois de février et mars 1875. Il a sans doute soumis en personne son Quintette à cordes en sol majeur, B. 49, à une compétition à Prague dont l'échéance était le 15 mars (83). Le manuscrit de cette page porte l’annotation du compositeur « terminé en mars 1875 ».
Toutefois, 27 ans plus tard, au cours l'année scolaire 1901-02, Dvořák aurait déclaré à ses élèves en composition :
Quoique je ne sois pas un wagnérien au fond de mon cœur, j'aime Wagner [l'expression employée signifie qu'il l'aimait beaucoup] et je suis heureux de l'avoir vu de mes propres yeux. C'était pendant une période où j'ai reçu une bourse d'état, ce pour quoi j'étais allé à Vienne. A l'opéra de la Cour ils préparaient Tannhäuser et Lohengrin, et Wagner dirigeait les répétitions (84).
L'annonce de Dalibor du 6 mars 1875 est la seule preuve que nous ayons que Dvořák ait jamais entrepris un voyage en rapport avec une bourse qu'il reçut. Mais tout concorde : nous savons que Wagner était à Vienne le 20 février 1875 – peu de temps avant l'annonce de Dalibor – où il dirigea des concerts dans la salle du Musikverein. Et en novembre et décembre de cette année l'Opéra de la Cour donna ses Tannhäuser et Lohengrin (85). Il n’est pas interdit de penser, dès lors, que la destination, ou l'une des destinations des « voyages » de Dvořák rapportés par Dalibor, soit la ville de Vienne.
Une autre preuve, moins directe encore mais en définitive assez convaincante, pourrait résulter de la lutte pour la suprématie du monde musical germanophone. Le 28 février 1875 fut donné à Vienne le Requiem Allemand du grand rival de Wagner, Johannes Brahms, sous la direction du compositeur (86). Et Dvořák selon toute vraisemblance était là. Pourquoi l'affirmons-nous ? Quatorze années plus tard à peu de choses près, sans doute en avril 1889, il dit à Zdeněk Fibich ce qui l'avait inspiré pour écrire le Stabat Mater :
J'ai écouté le Requiem de Verdi et le Requiem Allemand de Brahms, et j'ai pensé que moi aussi devais composer quelque chose du même ordre. (87)
Mais au printemps de 1876, quand Dvořák avait composé la majeure partie de son Stabat Mater, le Requiem de Brahms n'avait pas encore été donné à Prague, du moins pas dans une forme qui puisse en faire juger de la partition complète : la première audition pragoise aura lieu le 27 mars 1877. (88) Et nous n'avons aucune raison de penser que Dvořák ait pu en entendre une autre exécution où que ce soit, sauf naturellement celle du 28 février 1875 à Vienne. (89)
Lipník en 1876
C'est peut-être sur le chemin aller ou retour de Vienne en 1875 que Dvořák visita la première fois la Moravie, région où, ces dernières années, plusieurs exécutions importantes de ses œuvres avaient eu lieu, surtout de grandes pages pour chœur et orchestre. Là vivaient trois de ses plus proches amis : Leoš Janáček à Brno, Jindřich Geisler à Olomouc et Emil Kozánek à Kroměříž. Dvořák a dû traverser la Moravie dans le train qui l'amenait ou le ramenait de Vienne en 1875. Nous ne savons pas s'il s'arrêta à cet endroit (ou à un autre) lors de ce voyage. Nous savons en revanche, avec quasi-certitude, que l'été suivant il rendit visite à Jan Neff dans la ville natale de celui-ci, Lipník nad Bečvou, à 230 km à l'est-sud-est de Prague. Le compositeur avait à cette époque écrit pour Neff ses célèbres Duos Moraves, B. 60 et B. 62. Cette visite apparaît dans une correspondance publiée la première fois en 1978 dans Antonín Dvořák: Correspondence and Documents. (90) Le 13 juillet 1876, précisément le jour où Dvořák acheva ces duos, il écrivit à Neff depuis Prague :
J'ai l'honneur de vous annoncer que je viendrai vous voir dans deux ou trois jours. Je vous remercie une nouvelle fois pour votre aimable invitation. Je suis déjà empli d'une immense joie à l'idée de vous retrouver en Moravie ! (91)
Souvenons-nous que le deuxième des certificats mentionnés plus haut, produits pour Dvořák à Nelahozeves, est daté de deux jours après cette lettre, le 15 juillet. Si le compositeur était effectivement à Nelahozeves à cette occasion, nous pouvons simplement présumer qu'il partit ensuite sans tarder pour Lipník. Nous n’avons pas d’autre renseignement sur ses voyages avant le 26 juillet 1876, quand il data à Prague son troisième dossier de candidature pour une bourse. (92) Jarmil Burghauser avance qu'après avoir visité Lipník, Dvořák pourrait s'être rendu à Brno (en empruntant la « route panoramique » pour le retour à Prague, pour ainsi dire), rencontrant ainsi son jeune ami Leoš Janáček parmi d'autres, et que Janáček ait piqué son intérêt pour l'idée de la dumka à cette occasion. (93)
Et nous arrivons à présent à l'année 1877, la dernière année de résidence de Dvořák « à l’étang » - une année pendant laquelle nous trouvons une densité sans précédent d'excursions, réelles ou supposées. Nous connaissons cinq destinations en Bohême et Moravie, qui ont été visitées à l'occasion de plusieurs randonnées – de trois à pas moins de cinq. Ces excursions eurent lieu peut-être pour partie au mois de juin, et certainement en tout cas en juillet et en août. Il est possible que cette vague de voyages reflète en partie la nouvelle liberté dont Dvořák jouissait après avoir démissionné à son poste d'organiste de St Adalbert, effective depuis le 15 février de cette année.
Excursions avec Janáček
La première de ces excursions de l’année 1877, pour ce que nous en savons, fut réalisée en compagnie de Leoš Janáček. Les deux hommes visitèrent le légendaire mont Říp (à 40 km au nord-nord-ouest de Prague, et à 15 km au nord de Nelahozeves) et la ville de Strakonice (à 100 km au sud-sud-ouest de Prague). Dans deux publications différentes, de 1911 et 1924, Janáček indiqua qu’il avait visité ces destinations avec Dvořák, apparemment à pied. Il existe donc un lien entre ces deux endroits. L’article de 1911 ne donne pas de dates. (94) La publication de 1924 avance une même date pour les cinq destinations qu'elle mentionne, à savoir l'année 1877. Mais cette date fut ajoutée par l'éditeur de Janáček, Adolf Veselý. (95) Le problème est que trois de ces cinq destinations sont connues pour avoir été visitées par Dvořák et Janáček ensemble six années plus tard, en 1883 ; et il semble improbable qu'ils les aient visitées ensemble deux fois. (96) L'année 1877, on peut le penser, ne s'applique qu'aux voyages à Říp et Strakonice, deux destinations mentionnées en premier et à côté de l’année dans l’article de 1924. Nous n’avons pas d'autres sources sur ce sujet précis (97).
Les excursions de 1877 ont probablement eu lieu pendant la période où Janáček, qui habitait Brno, séjournait temporairement à Prague pour des études supérieures à l'école d'orgue. Nous savons qu’il se rendit à Prague dans ce but, au moins du 20 juin au 20 juillet 1877 : ses carnets datés du 20 juin et du 13 juillet sont conservés, et il a été reporté qu'il apparaissait lors des examens publics de l'école le 27 juillet. (98) Pour ce qui concerne les déplacements de Dvořák, en considérant la vaste période courant d'avril à août 1877 nous savons seulement qu'il fut sans doute à Prague le 14 juillet, quand il signa un reçu pour des royalties d'une exécution de Vanda (99), qu'il était, dit-on, à Sychrov au moins du 23 au 26 juillet (voir plus bas), signa un contrat à Prague le 8 août avec le Théâtre Provisoire (100), et se trouvait en Moravie le 19 août tout comme, sans doute, plus tôt ce même mois (voir plus bas). En associant ces faits avec l'information citée plus haut au sujet de la présence de Janáček à Prague, presque tout ce que nous pouvons dire est que la période la plus probable pour leur excursion (ou leurs excursions) en commun de 1877 était juin ou juillet (101).
Continuer la lecture : Sychrov - Moravie en 1877 - Conclusion
[l'illustration musicale ci-dessous ne fait pas partie du travail original du Dr. Beveridge]
Continuer la lecture : Sychrov - Moravie en 1877 - Conclusion
[l'illustration musicale ci-dessous ne fait pas partie du travail original du Dr. Beveridge]
Notes
(78) Voir vol.24 de cette revue, pp.104-05.
(79) Ou du moins ne furent pas découvertes par les auteurs de ADCD (op. cit., note 10). Les documents de 1875 et 1876, en allemand, sont détenus par le Musée Tchèque de la Musique et transcrits dans ADCD vol.9 (2004), pp.125-26.
(80) Voir vol.24 de cette revue, p.104.
(81) L'unique source de cette information vient de Květ, dans son livre Mládí Antonína Dvořáka (op. cit., note 29), pp. 20-21. Il dit l'avoir entendue d'un homme, alors apprenti serveur à la taverne, et que l'information fut confirmée par la veuve de Dvořák. C'est le premier témoignage de Dvořák jouant du piano en public. Le texte de Květ :
Usadil se [skladatelův bratranec Jan Křtitel Dvořák] kolem roku 1870 v Tursku u Kralupn. lt., kde koupil hospodu od řádu křižovníků. [...] Skladatel Dvořák se s ním hojněstýkal a brzo po vém sňatku – asi v roce 1875 – v jeho hospodě koncertoval na klavír,jak mi vyprávěl hostinský Šustr ve Velké Vsi, jenž se tam tehdy učil číšníkem. Potrvrdilami to i Mistrova choť. Koncert byl tehdy velkou sensací pro celé okolí a návštěva bylaobrovská.
(82) Dalibor III/10 (6 mars 1875), p. 76 :
Skladatel Antonín Dvořák odejel v těchto dnech na základě státního stipendia nedávnomu uděleného na cesty umělecké.
(83) Voir la préface et les notes éditoriales de l'édition critique de cette oeuvre par František Bartoš et Antonín Pokorný (Prague: Státní nakladatelství krásné literatury, hudby a umění, 1958).
(84) Josef Michl, ‘Z Dvořákova vypřávění’ (Ce que m'a dit Dvořák), Hudební revue, VII/ 8 (mai 1914), p.402 :
Ačkoli nejsem z gruntu srdce Wagnerian, mám přec Wagnera rád a jsem šťasten, že jsemho viděl na vlastní oči. Bylo to v době, kdy jsem dostal státní stipendium a k vůli tomujsem jel do ídně. Ve dvorní opeře studovali Tannhäusera a Lohengrina a zkoušky řídil Wagner.
Il semble que Dvořák a oublié avoir vu Wagner à Prague en 1863, mais peut-être qu'il ne l'avait alors qu'aperçu. Voit son entrevue du Sunday Times (Londres) du 10 mai 1885, p. 6, ‘Enthusiasts Interviewed’ – an interview with Dvořák by Paul Pry, réédité dans Rethinking Dvořák: Views from Five Countries, ed. David R. Beveridge (Oxford: Clarendon Press, 1996), pp. 281-88, ici p. 287.
(85) Information d'Emil Pirchan, Alexander Witeschnik et Otto Fritz: 300 Jahre Wiener Operntheater. Werk und Werden, Vienna, Fortuna Verlag, 1953, que m'a aimablement transmis l'archiviste de l'Opéra d'Etat de Vienne, Peter Poltun, dans un courriel du 30 septembre 2006.
(86) Information que m'a aimablement communiqué David Brodbeck, expert de Brahms, par courriel le 13 juin 2008.
(87) Zdeněk Nejedlý, ‘Z hovorů Ant. Dvořáka se Zd. Fibichem’ (Sur les conversations entre Antonín Dvořák et Zdeněk Fibich), Smetana II/3-4 (3 novembre 1911), p.53. Egalement Jíři Kopecký, ed., Zdeněk Fibich. Stopy života a díla (Zdeněk Fibich : sur les pas de sa vie et de son oeuvre), Olomouc 2009, p. 87 :
To byl u mne vnitřní pud, že jsem napsal Stabat mater. Já jsem slyšel Requiem od Verdiho a Deutsches Requiem od Brahmsa, a tak jsem si myslil, že také něco podobnéhonapíšu.
(88) Zdeněk Nouza, ‘Beobachtungen zu Brahms’ Stellung im tschechischen Musikleben seiner Zeit,’ dans Brahms-Kongress Wien 1983: Kongressbericht, éd. Susanne Antoníček et Otto Biba (Tutzing, 1988), pp. 408.
(89) Comme le note Nouza (ibid.), le quatrième mouvement a été joué à Prague le 6 janvier 1872. Voir Hudební listy III/2 (11 janvier 1872), pp. 14-15. J'ai aussi trouvé le compte-rendu d'une exécution pragoise de ‘plusieurs passages’ du Requiem de Brahms dans un arrangement pour piano à quatre mains, évidemment sans voix, le 15 février 1875. Voir Dalibor III/7 (20 février 1875), p.61 et Hudební listy VI/8 (25 février 1875), p. 31. Mais il semble improbable que Dvořák ait eu à l'esprit l'une ou l'autre de ces exécutions quand il déclara qu'il ‘entendit le Deutsches Requiem de Brahms.’ Ailleurs en Pays Tchèques, le Requiem de Brahms fut donné à Brno au printemps de 1874 (date inconnue), évidemment dans sa version intégrale. Voir Dalibor II/33 (15 août 1874), p. 263. Mais nous n'avons aucun indice d'un voyage de Dvořák à Brno ou n'importe où en Moravie pendant cette période, ni même qu'il ait entrepris un voyage.
(90) Op. cit., note 10, vol.1, p. 126. Šourek et beaucoup d'autres ne connaissaient pas cette lettre, et dirent que la première visite de Dvořák en Moravie remontait à l'année 1877 (voir plus bas).
(91)
Velečtěný pane!
Mám tu čest Vám oznámiti, že asi za 2 neb 3 dny k Vám zavítám. Děkuje Vám ještějednou za Vaše laskavé pozvání těším se již nýni na brzké a šťastné shledání na Moravě!Srdečným pozdravem na Vás všechny znamenám se vašnostem v nejhlubší úctě oddaný
Antonín Dvořák.
(92) Voir ADCD (op. cit., note 10) vol.9 (2004), p. 177.
(93) Jarmil Burghauser, ‘Dvořákova a Janáčkova Dumka’, Hudební rozhledy XLVI/2 (février 1991), p. 86.
(93) Jarmil Burghauser, ‘Dvořákova a Janáčkova Dumka’, Hudební rozhledy XLVI/2 (février 1991), p. 86.
(94) Leoš Janáček, ‘Za Antonínem Dvořákem,’ Hudební revue IV/8-9 (octobre 1911). p. 433:
Orlík, Prachatice, Husinec; Strakonice, Říp; sa maison d'été près de Příbram, Karlův Týn [=le château de Karlštejn], en amont au fil [ou ‘au long du cours supérieur’ ? – le sens n'est pas clair] de la Vltava : ces pérégrinations communes et discussions lors de fréquentes visites à Prague parlaient rarement de musique.
Le texte original en tchèque :
Orlík, Prachatice, Husinec; Strakonice, Říp; jeho letní sídlo u Příbrami, Karlův Týn, poVltavě v vrch: tyto naše společné potulky a rozpravy při častých návštěvách Prahy bylyskoupy na rozhovor hudební.
Les mémoires de la femme de Janáček nous apprennent qu'elle et son mari visitèrent Karlštejn avec Dvořák en 1881. Voir Marie Trkanová, Paměti: Zdenka Janáčková – můj život (Mémoires : Zdenka Janáčková – Ma Vie), Brno, Šimon Ryšavý, 1998, p. 31. Pour la randonnée au long de la Vltava nous n'avons aucune date, quelle que soit la source. Au sujet des autres destinations mentionnées ici, elles sont toutes citées dans la publication de 1924, voir note 95.
(95) Adolf Veselý, à partir d'un matériel fourni par Janáček: Leoš Janáček. Pohled do života a díla (Leoš Janáček: Un Regard sur Sa Vie et Son Oeuvre), Prague, Fr. Borový, 1924. Page 200, Veselý dit qu'il ajouta lui-même les dates aux notes que Janáček lui fit :
Janáček si vzpomenul na svůj život i na svou tvorbu a má, jako už sedmdesátiletý, jistědobré právo mluviti o sobě i slovem, když tak s podivuhodnou svěžestí činí stále notami [...].Opatřil jsem jeho poznámky daty, doplnil soupisem tvorby i literatury, vybral ukázky slovné,obrázkové i notové a uspořádal vše v celek [...].
Et aux pp. 38-39 nous trouvons le passage qui nous intéresse. Ma traduction reprend en partie celle de John Tyrrell dans son livre Janáček: Years of a Life, vol.I: The Lonely Blackbird, London, Faber and Faber, 2006, pp. 258-59 (italiques comme dans le texte tchèque) :
PROMENADES EN BOHÊME
1877 Excursion avec le Dr. Antonín Dvořák. Nous sommes restés un peu dans la petite église de Říp. De là, vers Strakonice, vers Orlík. Nous sommes redescendus du château en longeant la Vltava. Nous nous sommes attablés. Dvořák dit :‘Je crois que c'est de la chèvre, pas du gibier.’
Nous avons apprécié le déjeuner. Et nous dormîmes à cet endroit.
Nous avons jeté un œil sur Husinec. Nous avons jeté un œil à Prachatice.
Un peu de train pour venir de Prague, un peu de train pour revenir aussi. Le reste à pied.
Quoi qu'il en soit, il ne dit que le strict nécessaire pendant ces trois jours.
La traduction anglaise :
WANDERING AROUND BOHEMIA
1877 Excursion with Dr. Antonín Dvořák. We stood awhile by the little church on Říp.From there to Strakonice, to Orlík. We walk down from the castle all the way to theVltava. We sit at a table. Dvořák says:‘I think it’s goat and not venison.’
We enjoyed it during lunch. And we spent the night there.
We had a look round Husinec. We took a look at Prachatice.
A bit of the journey from Prague by train, a bit back too. The remainder on foot.
In any event what was said during three days was minimal.
La publication originale (Janáček/Veselý pp. 38-39) :
PUTOVÁNÍ PO ČECHÁCH
1877 Výprava s drem Antonínem Dvořákem. Postáli jsme u kostelíčka řipského. Odtud na Strakonice, na Orlík. Sestupujem od hradu až dolů k Vltavě. Zasedáme k stolu.Dvořák praví:“Myslím, že je to kozina a ne srnčí.”
Smlsli jsme si na ní při obědě. I noclehovali jsme tam.
Husinec jsme prošli; Prachatice shlédli.
Kousek cesty z Prahy drahou, kousek zpět též; ostatek byl pěší.
Namluvených řečí tří dnů bylo beztak do uzlíčku.
(96) Ils laissèrent tous deux leurs noms sur le livre des visiteurs du musée Jan Hus à Husinec le 23 août 1883. Voir la transcription dans ADCD (op. cit., note 10), vol.10 (2004), p. 359 et le fac-similé dans Jarmil Burghauser, ‘Dvořákova a Janáčkova Dumka’ (op. cit., note 93), p. 89.
Au sujet des autres destinations, Dvořák envoya des cartes postales à Janáček les 24 juillet et 18 août 1883 dans lesquelles il invitait Janáček à le rejoindre pour des excursions à Orlík le 28 juillet et à Prachatice le 23 août (le même jour que la visite déjà connue à Husinec, proche de Prachatice). Ces cartes postales ne permettent pas de penser que les deux hommes ont déjà visité ces lieux auparavant.
Voir ADCD (op. cit., note 10), vol.1 (1987), pp. 359-60.
Voir ADCD (op. cit., note 10), vol.1 (1987), pp. 359-60.
(97) John Tyrrell a déjà remis en question l'exactitude de l'année 1877 pour ces excursions. Voir son livre Janáček: Years of a Life, vol.I (op. cit., note 95), p.259:
Janáček a déjà mentionné ces « pérégrinations » dans un souvenir de Dvořák publié en 1911 [... ] , mais sans donner de date spécifique. Treize ans plus tard, le souvenir était encore présent - surtout celui des silences de Dvořák - mais une date a été imprudemment ajoutée.
Malheureusement le manuscrit de Janáček utilisé par Veselý pour cette publication a été perdu. Voir Theodora Straková: ‘”Autobiografie” Leoše Janáčka’, Opus musicum XX (1988) / 8, p. 231.
(98) Vladimír Helfert, Leoš Janáček: obraz životního a uměleckého boje (Leoš Janáček: Une Image de Son Combat dans Sa vie et Pour l'Art, i: V poutech tradice (Dans les Entraves de la Tradition), Brno, Oldřich Pazdírek, 1939, p. 103:
Tak odejel v červnu 1877 do Prahy, aby se tam vrhl v krátké sice, ale za to tímintensivnější studium forem [at the organists’ school]. 2 )2)Janáčkův pobyt v Praze v létě 1877 je též dosvědčen Dolanským [...], jenž ve svých Pamětech (20) vypravuje, že při zkoušce II. ročníku varhanické školy byl vobecenstvu přítomen Janáček a na výzvu Skuherského, chce-li někdo z obecenstva dát zkoušenému otázku, se přihlásil. Jakou dal otázku, Dolanský nesděluje.[...] Z tohoto studia si odnesl čtyři sešity s nápisem Nauka o formách. Začínají 20. červnaa končí se 13. července 1877.
Cf. Ladislav Dolanský, Hudební paměti (Mémoires Musicales), éd. Zdeněk Nejedlý, 2e éd., Prague, Hudební matice Umělecké besedy, 1949, p. 45-6, 53:
Ze všech svých studií na žádnou dobu nevzpomínám tak rád jako na dvě léta (1876–1878)strávená ve škole varhanické. [...] [B]yl jsem přijat hned do druhého ročníku [...]. [...]ukázala naše zkouška ve druhém ročníku [i.e. à la fin de la deuxième année du cursus, pour Dolanský à l'été 1877]. [...] Šlo mi to dobře, takže Skuherskýse zeptal, chtěl-li by někdo z obecenstva dáti mi otázku. Přihlásil se p. Janáček z Brna[...].
Nous apprenons les dates des examens (y compris la partie théorique du 27 juillet 1877, quand Dolanský fut interrogé) par Hudební a divadelní věstník I/9 (20 juillet 1877), pp. 68-69:
– Zkoušky chovanců na ústavě pro vzdělání varhaníků a ředitelů kůru [...] odbývány budoudne 27. a 28. července 1877 v místnostech ústavu (Bartolomějská ulice v Konviktě.) Předměty zkoušky theoretické: (dne 27. července v 9 hod. dopol.) [...]
(99) Reçu inédit, détenu par le Musée Dvořák, MAD S 76, inv. č. 46.
(100) ADCD (op. cit., note 10) vol.9 (2004), pp. 431-32.
(101) On se demande s'il est possible que Dvořák et Janáček aient visité Říp en tant que participants à une excursion organisée à cet endroit par Umělecká Beseda (Société des Artistes) samedi 8 juillet 1877. Voir Hudební a divadelní věstník I/10 (1er août 1877), p. 76. Toutefois, les souvenirs de Janáček semblent indiquer que les deux hommes furent seuls.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire