Lieux de vie et voyages de Dvořák 1873-1877 (6)
Sixième partie de l'étude du Dr David R. Beveridge sur les lieux de vie et voyages de Dvořák de 1873 à 1877.
6. Quitter « à l’étang » - pourquoi ? (ci-dessous)
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Lieux de vie et voyages de Dvořák pendant les premières années de son mariage (1873-1877) – sa plus période la plus prolifique (6)
par David R. Beveridge
Quitter « à l’étang » - pourquoi ?
En dépit des informations qui nous disent que l'appartement de Dvořák « à l’étang » n'était pas grand, ce que nous savons semble néanmoins indiquer un endroit plaisant à vivre (du moins pour celui qui aime les cloches !) et il est naturel de se demander pourquoi, à l'automne de 1877, le couple partit. Šourek, dans la première édition du premier volume de sa biographie de Dvořák (1916), dit que la situation financière du compositeur s'était améliorée au point qu'il pouvait s'offrir un appartement plus grand, qu'il trouva dans la rue Žitná (71). Mais, en fait, les revenus de Dvořák n'augmentèrent pas substantiellement avant 1878, pour vraiment s'accroître en 1879. Et en aucun cas, ainsi que le découvrit Šourek avant publier sa troisième édition en 1954, le premier logement de Dvořák rue Žitná n'était plus grand. C'était toujours plutôt « un petit appartement avec une pièce et une cuisine ». En outre l'on y accédait par un passage sombre derrière la propriété, au long d'étables à chevaux – un environnement sur tous les plans moins séduisant que celui de « à l'étang ». Šourek imagina donc (est-on tenté de dire) une cause différente pour le déménagement : « il était sûrement lié à la perte douloureuse de deux enfants coup sur coup en moins d'un mois ». (72)
Encore une fois, dans ses deux versions de l'explication du déménagement, Šourek ignora Kalenský qui avait donné une raison complètement différente – probablement entendue de la bouche même du compositeur. Une famille avait emménagé dans l'immeuble « à l'étang » avec un piano, sur lequel les nouveaux occupants jouaient les derniers succès de Vienne. Cela insupportait Dvořák, qui se mit en quête d’un appartement sans piano. C'était difficile de trouver un tel endroit, mais pourtant l'immeuble de la rue Žitná n'avait pas de piano, et quand Dvořák devint propriétaire à cet endroit, il refusa l'éventualité d'avoir de nouveaux locataires possédant un piano. (73) Karel Hoffmeister, dans sa biographie de 1924 de Dvořák, répéta l'histoire de Kalenský en ajoutant quelques confirmations dans la forme de ce qu'il entendit directement de la part de Dvořák :
Il m’arriva de faire part de ma surprise à Dvořák de le voir vivre dans un appartement exposé au nord rue Žitná [où il commença à vivre en 1880], qui n’avait selon moi rien de bien remarquable. Il me répondit avec un mystérieux geste de dépit : « Oui mais – pas de piano ! » (74)
Quoiqu'il en soit, Dvořák ne se déplaça pas très loin – seulement de deux centaines de mètres vers le nord ouest – pour rejoindre ce qui resterait sa principale adresse pour le reste de sa vie. Il retrouverait son ancien repère « à l'étang » régulièrement, ne serait-ce que pour visiter l'église St Etienne. Selon un journal publié longtemps après sa mort, il visitait cette église tous les jours avant six heures du matin, chaque fois qu'il était à Prague, et s'asseyait sur un banc bien précis d’un coin sombre, pour échapper aux curieux (75). Il est de toute façon acquis que St Etienne était l'endroit du baptême non seulement des trois enfants morts et décédés dans l'appartement « à l'étang », mais aussi des six autres enfants (76), et également l'endroit de la célébration de leurs noces d'argent en 1898, en même temps que le mariage de leur fille Otilie avec Josef Suk (77). Il semble aussi probable, pour ne pas dire certain, que tous les enfants survivants de Dvořák ont suivi les cours de l'école mentionnée plus haut (une école élémentaire) au coin des rues Štěpánská et Na Rybníčku, tout en habitant dans la rue Žitná voisine.
Continuer la lecture : Voyages depuis « l'étang » - Vienne - Lipník en 1876 - Excursions avec Janáček
[l'illustration musicale ci-dessous ne fait pas partie du travail original du Dr. Beveridge]
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[l'illustration musicale ci-dessous ne fait pas partie du travail original du Dr. Beveridge]
Notes
Toutes les notes sont de l'auteur.
(71) Šourek, Život a dílo Antonína Dvořáka, vol.1, 1e éd. (Prague, Hudební matice Umělecké besedy, 1916), pp. 199-200, identique dans la 2e éd. (Prague, Hudební matice Umělecké besedy, 1922), p. 289 :
Rok 1877 končil se pro Dvořáka za skvělých vyhlídek do budoucna. Jeho umělecké postavení v českém světě hudebním sice již před tím nabylo vážnosti a také finančně polepšil si již na tolik, že mohl r. 1876 vzdáti se místa varhaníka svatovojtěského a v roce 1877 zaměniti prvý svůj příbytek na Rybníčku za rozsáhlejší v Žitné ulice v čp. 564 (nazvaném „u Pěšinských“), v němž vytrval až do své smrti.
(72) Šourek, Život a dílo Antonína Dvořáka, vol.1, 3e éd. (op. cit., note 12), p.330 :
Bylo jistě ve spojitosti s bolestnou ztrátou dvou dítek v krátké době necelého měsíceza sebou, že se manželé Dvořákovi v oné době současně rozhodli opustit svůj prvnípříbytek v ulici Na rybníčku a najít si jiný. Nešli daleko: v blízké ulici Žitné, vdomě čp. 564, zvaném "u Pešinských" a ležícím po levé straně pod ulicí Štěpánskou, našli malý byt o pokoji a kuchyni v přízemí zadního příčného traktumezi dvěma dvory. Nebylo sice příliš příjemné bydlit v těsné blízkostikočárnických koníren, umístěných v zadním dvoře, ale vábila vyhlídka, že brzy senaskytne příležitost přesídlit do většího bytu v traktu průčelním, kterážto vyhlídkase splnila v květnu roku 1880.
(Ainsi le déménagement vers l'appartement "plus grand" de l'immeuble de la rue Žitná vint après deux années et demie, ce qui n'était en vérité pas très `brzy’ (rapide). Šourek à l'évidence ignorait que pendant cette période les Dvořák changèrent d'appartement dans le même édifice, pour un autre de taille toujours modeste, pas encore situé dans la façade de l'immeuble. Voir mon livre à venir.)
(73) Kalenský (op. cit., note 15) p. 97:
Zatím stala se Dvořákovi v domácnosti nepříjemná věc. Do domu na Rybníčkupřistěhovala se nová rodina s klavírem. Členové její hráli na něm všecky nejnovějšívídeňské kousky. Dvořák zlořečil tomuto sousedství a, vzav ženušku pod paží – vpraktických otázkách života neobešel se nikdy bez její svorné součinnosti – vypravil sehledati v Praze byt, v němž není klavíru.
Byla to práce nemalá. V každém domě byl nejméně jeden klavír, ne-li více. Konečněnalezen dům v Žitné ulici [...] „u Pešinských“, kde nebylo a není posud klavíru. Dvořákzajásal a hned ho pronajav, obývá jej stále od roku 1877. podnes. Váží si ho. Pandomácí, V. Müller, vzhledem k sousedu tak slavnému, příjme nové nájemníky pouzetehdy, nemají-li klavíru.
En fait M. Müller (František Müller, et non ‘V.’) ne devint pas propriétaire de l'immeuble avant 1900. Il fut précédé par son épouse Marie Müllerová, depuis 1889, et avant cela par Jan Pešinský. Voir mon prochain livre.
(74) Karel Hoffmeister, Antonín Dvořák. Prague, 1924, p. 27 :
Dvořák sám kdys na mou, trochu udivenou otázku, proč se mu Žitná ulice a severní,po měm zdání ne zvlášť výhodný byt tak zamlouvá, odpověděl s tajuplně chytráckýmgesterm: Ale – žádný klavír...!
(75) ‘aaš’ (le journaliste habituellement chargé des affaires musicales), ‘Dvořákova lavice ve svatoštěpánském chrámu’ (le banc de Dvořák à l'église St Etienne), Polední národní politika, 3 mai 1939, p.3 :
Docela vzadu pod kůrem kostela sv. Štěpána v Praze II. stojí v šeru starobylá lavice, kteráje jednou z nejpamátnějších v pražských chrámech. Den jak den, když dlel v Praze,sedával v ní mistr Antonín Dvořák. Mistr vstával časně a již před šestou vystupoval postupních chrámu. Velice skromný člověk, mistr sedával vždy v této zadní lavici v šeruklenby kůru, nechtěje být pozorován.
(76) Voir les enregistrements des naissances et baptêmes dans ADCD (op. cit., note 10), vol.9 (2004), pp.78 et suivantes.
(77) Evénements au sujet desquels ADCD (op. cit., note 10) ne cite aucun document officiel, mais plusieurs lettres de félicitations – voir vol.8 (2000), pp. 93 et suivantes.
Selon un rapport, la famille de Dvořák voulait qu'après sa mort le compositeur soit porté à l'église St Etienne. Šourek décrit une réunion du 3 mai 1904 de représentants d'organisations en charge du calendrier des funérailles de Dvořák. Il dit que le beau-fils de Dvořák, Josef Sobotka, annonça que la famille ‘désirait que les funérailles aient lieu à St Etienne, lieu témoin de tous les événements importants de la famille du maître, depuis ses noces en 1873’. Mais il fut demandé à la famille d'accepter les funérailles dans l'église de St. Salvator au Clementinum (ce qui fut fait). Voir Otakar Šourek, Život a dílo Antonína Dvořáka, vol.4, 2e éd. (Prague: Státní nakladatelství krásné literatury, hudby a umění, 1957, pp. 260-61) :
O uspořádání pohřbu jednala nejprve společná schůze zástupců zúčastněných korporací, kteří se sešli v úterý 3. května dopoledne na Staroměstské radnici. Za Českou akademii byli zde president Josef Hlávka [...] a za Dvořákovu rodinu dr. Jos. Sobotka. Ten oznámil, že rodina [...] by si přála, aby se pohřeb konal z kostela svatoštěpánského, jenž byl svědkem všech důležitých událostí v rodině mistrově, počínajíc jeho sňatkem v r. 1873 [...]. Na schůzi bylo však učiněno usnesení, aby rodina byla požádána svolit k tomu, aby pohřební průvod vyšel z chrámu sv. Salvatora v Klementinu na Starém Městě pražském, což se také stalo.
Malheureusement, Šourek ne donne pas de source. Les noces de Dvořák ont en fait été célébrées non pas à St Etienne mais à St Pierre dans la Nouvelle Ville Basse. Et l'annonce du décès par la famille, datée du 2 mai 1904 (donc la veille de la réunion rapportée), reproduite par Šourek p. 234 du même volume, dit déjà que les funérailles auront lieu à St. Salvator.
Pendant ce temps le numéro spécial de Dalibor du 2 mai 1904 (XXVI/24) annonçait des funérailles à l'église de Týn !
Page 261, Šourek écrit que le jour des obsèques, le 5 mai, la dépouille de Dvořák fut transférée depuis son appartement à St. Salvator au son des cloches de St Etienne :
Rakev s tělem zesnulého byla vystavena v hlavní lodi kostela sv. Salvatora, kam byla dopoledne před pohřbem převezena z bytu za hlaholu zvonů svatoštěpánských.
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